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De l'importance du volontariat

De l'importance du volontariat Elisabeth Degryse - Secrétaire nationale
© M. Cornélis

De récentes déclarations du secrétaire d’État à la Lutte contre la fraude sociale, Bart Tommelein, n’ont pas manqué de faire parler d’elles. Ce dernier semblait en effet assimiler certains volontariats à du travail au noir. Cette sortie est une occasion rêvée de revenir sur l’importance que revêt le volontariat au sein de la société et du mouvement mutualiste en particulier.


Introduire une confusion entre travail au noir et volontariat fut clairement une erreur du Secrétaire d’État. D’ailleurs, les réactions du secteur associatif ont fusé, s’inscrivant en faux contre l’amalgame entre travailleurs et volontaires. La Mutualité chrétienne s’y associe.

Le volontariat : un choix d’organisation, notre ADN

La Mutualité s’appuie, depuis toujours, sur la réalité de ses membres. Les élections mutualistes — moment de démocratie essentiel au bon fonctionnement de nos institutions – garantissent, tous les six ans, cet ancrage. Au fil de son évolution, ce modèle d’organisation participatif et démocratique a fait ses preuves. Il a d’ailleurs été reconnu. Par exemple, en 1990, l’implication des membres dans la solidarité du système de sécurité sociale a été actée lors de l’écriture de la dernière loi sur les mutualités.
Qui connaît réellement les besoins et la réalité des membres de la Mutualité, si ce n’est les membres eux-mêmes ? Voilà l’essence de notre organisation mutualiste : la construction d’une solidarité pour et par nos membres, l’implication de chacun dans la gestion de nos institutions. Les permanents et les travailleurs des mutualités se font les porte-voix des volontaires engagés au sein de nos conseils d’administration ; ils portent les messages politiques de nos membres, coconstruits avec eux au départ de leurs vécus, au sein des lieux de débat et des assemblées auxquels nous tenons.
Les volontaires de notre Mutualité s’impliquent dans nos instances décisionnelles, mais aussi dans de nombreux projets – qu’ils soient ponctuels ou récurrents. Il existe en effet des centaines de façons de se mobiliser… que ce soit pour la Mutualité, ou au sein de ses mouvements — Altéo, Jeunesse & Santé, Énéo… Porter un projet de quartier, animer un débat, aider à la mise en place d’un évènement, ou s’engager au sein d’une instance à proprement parler… les occasions de s'impliquer sont diverses et variées.

Un moment clé : les élections mutualistes

Tous les six ans (la prochaine échéance tombant en mai 2016), la Mutualité chrétienne – comme l’ensemble des mutualités, d’ailleurs – procédera au renouvellement de ses instances. Les enjeux de la représentativité, de la participation et de l’engagement sont, à l’heure actuelle, plus importants que jamais. Mais comment continuer à sensibiliser à la réalité de notre institution et à l’importance de s’y impliquer ? Alors qu’un volontaire est, par définition, quelqu’un "qui s’engage volontairement et sans rémunération", l’engagement constitue déjà, en soi, un défi. Aujourd’hui, s’engager n’est plus chose facile. Depuis quelques mois, toute notre institution est en réflexion pour penser ce temps fort que constituent les élections mutualistes. Comment renouveler les instances ? Comment organiser la transition entre les instances sortantes et les nouvelles ? Comment ne pas perdre l’histoire que certains maîtrisent tout en permettant aux "jeunes" de s’en inspirer ? Comment transmettre ? Comment attirer, séduire et convaincre ?
De nombreuses associations, en dehors du monde mutuelliste, font face aux mêmes questionnements. Aujourd’hui, peu d’engagements tiennent sur le long terme. De plus en plus, le volontariat tend à se réduire à des activités ponctuelles répondant à des besoins éphémères, voire à des aspirations strictement personnelles.

Gratuité du don

Dans une société où tout se monnaye de plus en plus, la gratuité du volontariat dénote, et relève du défi. Il y a une dizaine d’années, les mutualités ont été les artisans, avec d’autres, de la loi sur le volontariat. Cette loi permet notamment un défraiement forfaitaire des volontaires – avec des plafonds journalier et annuel. L’objectif de cette loi n’est évidemment pas de répondre à la question : "Combien mon engagement me rapportera-t-il ?", mais bien "Comment faire pour qu’il ne me coûte pas, financièrement parlant". Il s’agit donc bien de faire tomber les barrières à l’engagement, et non de rémunérer à proprement parler les personnes qui s’engagent. C’est dans ce sens que la Mutualité défraie ses volontaires.
Il nous semble essentiel de réaffirmer cette position au sein de notre organisation en vue des six années de mandats à venir. La richesse du volontariat se situe dans les relations qu’il crée, l’implication dans la gestion d’une institution fondamentale au bon fonctionnement de notre pays et la défense de notre sécurité sociale. Les plus-values de l’engagement, ce sont les liens sociaux qu’il crée, les réseaux qu’il permet, les actions pour le bien de la collectivité qu’il encourage.
Nous voici à l’aube d’une année entière de mobilisation, de rencontres, d’échanges, de réflexions… pour que nos administrateurs de demain soient motivés et proviennent d’horizons variés — chacun avec son bagage et sa vision de la société. Pour que notre organisation continue à être dynamiquement portée par ses membres.

Et si…

Des pans entiers de la société fonctionnent grâce au volontariat. Si, demain, ce statut de volontaire venait à disparaître, ces derniers seraient fortement mis à mal. Les mutualités en pâtiraient. Mais aussi le secteur culturel (musées, festivals…), le secteur de la petite enfance (crèches, gardes à domicile…), le secteur de l’aide aux personnes… Bref, l’ensemble du secteur non marchand. Il semble à nouveau dans le viseur du gouvernement. Que la vraie fraude sociale soit attaquée de front, c’est évidemment ce que nous soutenons.
Mais qu’on ne se trompe pas de cible. Le volontariat est un des éléments essentiels de notre modèle de société.