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Santé mentale : continuer d’investir !

2 min.
Les jeunes, en particulier, sont touchés par la crise de la santé mentale (c) Photo Adobe
Les jeunes, en particulier, sont touchés par la crise de la santé mentale (c) Photo Adobe
Alexandre Verhamme

Alexandre Verhamme

Ces dernières années, la santé mentale de toute la population a été mise à rude épreuve : pandémie, confinements, inondations, menaces climatiques, conflits armés à nos portes, crise énergétique et insécurité financière. Les effets de cette combinaison d’évènements se font lourdement sentir. Le nombre de travailleurs en incapacité pour cause de problèmes psychiques explosent. Les services de soins de santé mentale saturent. Le nombre d’admissions forcées en hôpital psychiatrique croît de manière préoccupante. 

Historiquement, la santé mentale et la psychiatrie ont toujours été les parents pauvres des politiques de santé. Pour répondre à ces crises, les pouvoirs publics ont enfin décidé d’y investir sérieusement. À titre d’exemple, les soins pour les jeunes sont désormais gratuits jusqu’à 23 ans inclus (chez un psychologue conventionné dans un réseau de soins de santé mentale). Les services existants ont été renforcés et des efforts réels ont été consentis pour améliorer la prévention et la promotion de la santé mentale. 

Plus personne ne devrait repousser des soins de santé mentale pour des raisons financières, par tabou ou par manque de disponibilité de l’offre.

Ces avancées nous réjouissent, mais nous ne pouvons pas nous reposer sur ces lauriers. Il faut continuer d’investir : les besoins sont là et ne diminueront pas !  

Plus personne ne devrait repousser des soins de santé mentale pour des raisons financières, par tabou ou par manque de disponibilité de l’offre. Nous souhaitons qu’à l’issue de la prochaine législature, les troubles soient moins fréquents car nous nous serons attaqués à leurs très multiples causes, notamment en luttant contre la précarité, en augmentant la prévention des risques bio-psycho-sociaux au travail ou encore en rendant les soins plus accessibles tant financièrement que temporellement et géographiquement. 

Une jeunesse fragilisée

Si nous pouvons tous souffrir de problèmes de santé mentale, les jeunes sont particulièrement vulnérables face aux crises que nous traversons. Eux qui ont été privés de liens sociaux par le confinement, au moment de leur vie où ils en ont le plus besoin pour fonder leur identité. Eux dont l’avenir se teinte d’éco-anxiété.

À la MC, nous sommes particulièrement attentifs également à la santé mentale des jeunes enfants. Nous pensons qu’il est primordial d’investir dans leurs 1.000 premiers jours, cette période qui va de la grossesse aux deux ans de l’enfant est scientifiquement reconnue comme déterminante pour la santé future de l’adulte. Ainsi, parmi les priorités de nos mémorandums (à lire sur mc.be/fr/elections-2024), nous revendiquons l’allongement du congé de naissance à un an, la réhabilitation du crédit-temps pour la garde d’enfants, une lutte accrue contre la pauvreté infantile, le renforcement des centres PMS et la formation des enseignants à la détection précoce des signes de troubles psychologiques, etc. 

Nous demandons également de soutenir, par un financement structurel, les acteurs associatifs telles les organisations de jeunesse et autres associations qui œuvrent à la création d’un maillage social déterminant pour le bien-être mental des personnes.

Outre ces mesures, nous rappellerons au monde politique que, comme la santé physique, la santé mentale est au confluent de nombreux déterminants : la vie affective, les ressources financières, le logement, etc. Il est donc nécessaire de penser chaque politique publique à la lumière de son impact potentiel sur l’équilibre mental des personnes.