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Aînés : comment ça va la santé ?

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Sandrine Cosentino

Sandrine Cosentino

Comme partout dans le monde, la population belge vieillit. Dans les 20 prochaines années, le phénomène démographique va s’accélérer avec la hausse de l’espérance de vie  combinée à une faible natalité et l’avancée en âge de la génération du baby-boom, selon l’Office belge de statistique Statbel. Le Bureau fédéral du Plan prévoit que la proportion des 65 ans et plus en Belgique passe de 19,6 % en 2022 à 25,1 % en 2050. Cette progression démographique n'est pas neutre pour la société. "Il est temps de se préparer à cette évolution, relève Hervé Avalosse (chargé d'études à la MC). Il est important de réfléchir au vieillissement, un défi sociétal qui nous concerne tous. Pour cela, nous devons disposer d'un profil de santé de nos aînés. Quels sont leurs besoins ? À quels soins de santé font-ils appel aujourd'hui et comment devront-ils être développés plus tard ?"

Des indicateurs pas toujours au vert

La MC a analysé la population de ses membres ayant 65 ans et plus, sur la période de 2016 à 2022. Le constat est clair : les personnes vivent plus longtemps mais globalement, en moins bonne santé. 79,2 % des seniors sont touchés par au moins une pathologie chronique parmi une liste de 22 pathologies analysées dans l'étude. Les affections cardiovasculaires sont le problème de santé le plus fréquent (62 %), suivies par les problèmes de thrombose (41 %), le diabète (18 %) et les pathologies mentales (13 %). L'état de santé n'est cependant pas identique selon les régions et les groupes sociaux. "De manière générale, on sait que les gens ne se soignent pas de la même façon partout en Belgique, rappelle Hervé Avalosse. On retrouve forcément cela chez nos aînés." Et sa collègue Rebekka Verniest d'ajouter : "Les facteurs externes jouent un rôle. Au Limbourg, par exemple, les personnes utilisent beaucoup plus les soins infirmiers à domicile. L'offre y est plus élargie et il y a moins de maisons de repos. À Bruxelles et à Liège, bien plus d’aînés sont inscrits en maison médicale." Cette diversité de situation sur le terrain doit être prise en compte pour construire des politiques qui répondent aux besoins locaux, plaident les chercheurs.

Une place dans la société

Les énormes inégalités en matière de santé selon la place que l’on occupe dans l’échelle sociale sont abondamment documentées dans la littérature scientifique. C’est également vrai pour les personnes âgées. Les seniors BIM ont des indicateurs de santé plus dégradés. La mortalité observée chez les BIM est plus élevé, elle est de l’ordre de 6,3 % à 6,6 % (parmi les non BIM, la proportion est de 2,6 % à 2,8 %). "Tout le monde a droit aux mêmes soins abordables, développe Hervé Avalosse. Les objectifs doivent être universels, mais les  moyens adaptés aux personnes, et notamment en fonction de leurs difficultés financières et d'accessibilité." Les personnes âgées sont, par ailleurs, plus exposées au risque  d'isolement et de solitude, et à la vulnérabilité psychique qui va avec. Près d’une personne sur trois, âgée de 65 ans et plus, vit seule (ménage unipersonnel). À Bruxelles, cette proportion est de 47,6 %. On trouve également davantage des personnes seules parmi les BIM (55,9 %), en comparaison avec les non BIM (24 %). "Vieillir, c’est aussi faire l’expérience de la perte : perte d'autonomie, décès des amis..., analyse Rebekka Verniest. Avec la solitude, c'est parfois difficile de retrouver une place dans la société et du sens dans sa vie." L'étude montre que plus les personnes vieillissent, plus elles souffrent de dépressions et de troubles anxieux : 11,6% pour les 65-74 ans, 13,6 % pour les 75-84 ans et 17 % pour les plus de 85 ans.

Une meilleure qualité de vie

Grâce à cette étude, des pistes d’action pour l’avenir sont proposées : continuer à investir dans les soins de première ligne, soutenir les aidants proches, avoir de l’attention pour les plus vulnérables, favoriser le "vieillissement" actif (grâce à leur expérience et talents, les ainés doivent avoir l’occasion de continuer à participer à la société, p.ex. via le volontariat).  Il ne s’agit pas seulement de veiller à ce que les services de santé puissent répondre adéquatement aux besoins de soins et d’accompagnement des aînés. Il s’agit plus largement de veiller à leur qualité de vie dans tous les domaines : logement, aménagements des villes, revenus, etc. D'autres études sont d’ores et déjà prévues par la MC pour approfondir les connaissances sur les besoins de cette génération. 

L'étude "Profil de santé de nos aîné∙es" de Katte Ackaert, Hervé Avalosse et Rebekka Verniest est accessible dans Santé & Société n°9 et sur mc.be/sante-societe.