Coronavirus

Covid : les vaccins sous la loupe (2/3)
 

4 min.
(c) Yasmine Gateau
(c) Yasmine Gateau
Candice Leblanc et Joëlle Delvaux

Candice Leblanc et Joëlle Delvaux

Pourquoi les vaccins provoquent-ils des effets indésirables ?

Comme tous les médicaments, les vaccins anti-Covid sont susceptibles d’induire des effets indésirables. Les plus fréquemment rapportés et atten­dus sont causés par la réaction immunitaire déclenchée par le vaccin : maux de tête, fièvre, douleurs dans le bras, fatigue, vertiges, etc. Ils survien­nent dans les 24 à 48 heures suivant l’injection et disparaissent spontané­ment en quelques jours.
L’effet secondaire le plus redoutable – mais très rare – est le choc anaphy­lactique. Cette réaction allergique grave survient quelques minutes à peine après l'injection. Raison pour laquelle il faut patienter minimum un quart d’heure après avoir reçu une dose. En cas de problème, la personne est directement prise en charge par les professionnels de la santé présents dans le centre de vac­cination.
Par ailleurs, des effets indésirables très rares ont été notifiés et confirmés (1).

Comparativement aux médicaments, la survenance et la fréquence d'effets indésirables graves liés aux vaccins sont extrêmement faibles. Selon le Pr Dogné, "dans ce débat, il ne faut pas négliger non plus les effets parfois graves du Covid lui-même, sur lesquels on commence à être bien documentés, qu'il s'agisse des complications pour la femme enceinte et le foetus, de la ferti­lité masculine, des atteintes du sys­tème nerveux, des maladies auto-im­munes, du Covid long, de la dépres­sion, etc.".

Comment les vaccins anti-Covid et leurs effets secondaires sont-ils surveillés ?

Les vaccins anti-Covid sont proba­blement les produits de santé les plus surveillés au monde !

AVANT
"Pour recevoir une autorisation de mise sur le marché, tout médicament ou vaccin doit avoir fait l’objet de trois phases d’essais cliniques, rappelle la Pr Lucas. Les études de phase 3 ont notamment pour objectif de lister les effets secondaires et de chiffrer les risques de les présenter." ­La liste de tous les effets secondaires détectés figure sur les notices des mé­dicaments et des vaccins, consulta­bles sur le site de l'Agence fédérale des médicaments et produits de santé (AFMPS). Elle est régulièrement mise à jour.

APRÈS
Une fois mis sur le marché, les vac­cins continuent à être surveillés de près par les agences nationales et su­pranationales des médicaments. La pharmacovigilance est un réseau de sentinelles qui permet d'adapter ou de compléter la liste d'effets indési­rables d'un vaccin, associée à une évaluation du risque.

"Une procédure (2) – qui vaut aussi pour les médicaments – permet aux patients et à leurs proches ainsi qu'aux médecins de notifier des effets indési­rables subis après l'injection du vac­cin", explique le Pr Dogné. Les pa­tients peuvent compléter le docu­ment de manière anonyme ou non. Lorsque les effets notifiés sont défi­nis comme graves, les rapports sont transmis à l’EMA dans la base de données de pharmacovigilance, Eu­draVigilance, qui, à son tour, les fait examiner par des experts.
L'AFMPS publie chaque mois un rap­port détaillé et transparent des signa­lements reçus.

"Les notifications que l'on reçoit à pro­pos des vaccins contre le covid concer­nent majoritairement des effets indé­sirables bénins, transitoires et connus, observe le Pr Dogné. En cas de symp­tômes graves, nouveaux ou dont la fré­quence est inhabituelle, nous investi­guons pour voir si le vaccin peut être mis en cause. Car corrélation ne signi­fie pas causalité". Diverses méthodes sont utilisées : consultation des rap­ports ailleurs dans le monde pour voir si d'autres cas similaires ont été notifiés, étude sur la fréquence de cas avant la vaccination, recherches dans les bases de données cliniques des hôpitaux, examen des études épidémiologiques, etc.

Des effets indésirables peuvent-ils se manifester longtemps après la vaccination ?

"Dans la longue histoire de la vacci­nation, des effets indésirables à long terme ont été détectés mais de manière limitée. Ainsi, quelques rares exemples existent comme des cas de narcolepsie avec un vaccin contre la grippe H1N1 en 2009, assure le Pr Dogné. Globale­ment, les effets indésirables des vac­cins surviennent dans les deux pre­mières semaines, exceptionnellement le premier mois." Dans le cas des vaccins anti-Covid, la survenue à retar­dement de maladies rares est consi­dérée comme un risque très faible. La surveillance actuelle est si réactive et resserrée qu’elle a permis très tôt la mise en évidence de très rares trou­bles de la coagulation avec le vaccin d’Astra Zeneca. Si les vaccins actuels, administrés massivement depuis près d'un an, devaient induire des maladies graves rares, il est improba­ble que les agences de pharmacovigilance puissent manquer leurs si­gnaux.

Rappelons aussi que l'ARNm, utilisé dans les vaccins de Pfizer et de Mo­derna, se décompose quelques heures après avoir rempli sa mission. Il n’existe donc aucun mécanisme bio­logique susceptible d’avoir des ré ­percussions au-delà de quelques se­maines. 

Le dossier complet sur les vaccins anti-covid sous la loupe, publié sur deux pages, est disponible en PDF


(1) Par exemple, 108 cas de Syndrome de Guillain-Barré (SGB) ont été rapportés dans le monde entier au 30 juin dernier à la suite du vaccin de Janssen/J&J. De ses recherche, le Comité de pharmacovigilance de l'EMA a conclu qu'une relation causale est possible et que le SGB est un effet indésirable très rare de ce vaccin. Le SGB est une maladie neurologique rare dans laquelle le système immunitaire de l'organisme endommage les cellules nerveuses, ce qui peut entraîner des douleurs, des engourdissements et une faiblesse musculaire, pouvant aller jusqu'à la paralysie dans les cas les plus graves. La plupart des personnes se remettent complètement de cette maladie.
(2) Voir le bouton “Notifier des effets indésirables” sur la page d’accueil de l' AFMPS.
(3) "Aperçu mensuel des effets indésira­bles des vaccins contre le Covid", 23 septembre 2021. 

 

 

 

Si les vaccins actuels, administrés massivement depuis près d'un an, devaient induire des maladies graves rares, il est improba­ble que les agences de pharmacovigilance puissent manquer leurs si­gnaux