Facture d’énergie impayée : que faire en Wallonie ?
Des circonstances peuvent expliquer la difficulté de payer ses factures d'energie. Conseils.
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Environnement
Dans les sphères écologistes, le concept de "désinnovation" fait son bonhomme de chemin. Face aux basculements qui s'annoncent, certains proposent de tirer un trait sur la course à l'innovation technologique, qui épuise davantage les ressources planétaires. Une utopie ?
Depuis le milieu du 19e siècle et l'avènement de l'ère industrielle, l'être humain laisse une empreinte de plus en plus indélébile de son passage sur Terre. Notre course effrénée au progrès a créé une nouvelle ère géologique : l'Anthropocène. Pour la première fois, l'histoire de notre planète s'entrechoque avec celles des femmes et des hommes qui l'habitent. Pesticides, smartphones, centrales nucléaires… Le désordre engendré par les effets de l'activité industrielle humaine rend de plus en plus compliquée la survie de toutes les espèces. Au-delà d'un désastre climatique, ce chaos organisé menace la sécurité alimentaire, limite l'accès aux ressources vitales ou énergétiques, ce qui engendre des migrations soudaines et forcées. Nous le savons, nous atteignons les limites de notre système. Ne serait-il pas temps de "défaire" le monde tel que nous le connaissons ?
Des causes, pas des remèdes
Les technologies dont l'être humain dépend désormais au quotidien ne permettront vraisemblablement pas à elles seules de résoudre cette crise. Au contraire, elles sont plutôt des causes de la situation actuelle, au lieu d'en être des remèdes. Face à ce constat, Alexandre Monnin, Diego Landivar et Emmanuel Bonnet, coauteurs de Héritage et fermeture. Une écologie du démantèlement (1) proposent de "désinnover", ou encore de "défuturer". "La défuturation, c’est renoncer à des futurs déjà obsolètes. Plutôt que d’investir dans des technologies et des activités condamnées d’un point de vue écologique et matériel, il faut ne pas les faire advenir ou les minimiser, expliquent-ils en prenant l'exemple de la 5G. Cette technologie est déjà quasiment condamnée au niveau économique, avec des coûts de maintenance et d’actualisation technologique élevés. Et elle représente une 'couche' qu’il faudra in fine démanteler puisqu'à un moment, on se tournera vers autre chose de plus 'performant'. Autant s’en passer tout de suite !"
José Halloy, physicien et professeur à l'université Paris Diderot, travaille depuis plusieurs années sur la disponibilité des matières premières nécessaires à nos technologies. Des technologies maintenues en vie à des coûts exorbitants, alors qu'elles sont par essence condamnées à disparaître car il n'y aura jamais assez de ressources minières ou extractives pour les faire durer indéfiniment. Ces technologies sont qualifiées de "zombies" par le physicien, qui cite en première ligne les fameux "objets connectés", qui pourraient se compter au nombre de 100 milliards d'ici 2050. Ou encore… l'avion, qui, au-delà d'une empreinte carbone désastreuse, nécessite l'emploi de matériaux composites lors de sa construction, plus légers et résistants que le métal. Mais l'efficacité de ces matériaux a atteint un palier. Il faudra donc bientôt en "trouver" de nouveaux… Un cercle vicieux dont l'industrie aéronautique aura bien du mal à sortir.
La cohabitation entre économie et écologie ne sera possible qu’après une phase d’adaptation et d’alignement des entreprises vis-à-vis des limites planétaires.
Atterrir pour renoncer
Dans cet ordre d'idées, Alexandre Monnin, Diego Landivar et Emmanuel Bonnet suggèrent que la cohabitation entre économie et écologie ne sera possible qu’après une phase d’adaptation et d’alignement des entreprises vis-à-vis des limites planétaires. "Il y aura une phase d’atterrissage à orchestrer, dans laquelle il va falloir renoncer à différentes choses", avertissent-ils. Mais "renoncer" ne doit pas se faire n'importe comment, ni dans la précipitation ! Les trois hommes pointent un exemple tout particulièrement d’actualité : les pays européens, qui ont annoncé vouloir se passer du gaz russe en regard du conflit ukrainien, ont dû parer au plus pressé pour trouver des sources d’approvisionnement énergétique alternatives d’ici à l’automne, augmentant leur alimentation en gaz naturel liquéfié (GNL), une source d’énergie presque deux fois plus polluante que le gaz naturel. Également enseignants-chercheurs, Monnin, Landivar et Bonnet insistent sur la nécessité d'une "stratégie du renoncement", qui doit aussi se soucier de ce qu'elle laisse derrière elle. "Imaginons que l'on ferme une compagnie aérienne, car la majorité de ses activités est incompatible avec les limites des ressources de la planète. Que fait-on des bagagistes, des pilotes ? Tout un réseau de personnes dépendantes est à sauver et accompagner. Un autre exemple est celui des piscines individuelles. Nous accompagnons une région qui souhaite que ses habitants y renoncent pour cause de pénurie d’eau. Sauf que cela mettrait fin à l’activité de centaines de plombiers, piscinistes et importateurs, fabricants, installateurs... Nous devons collectivement imaginer des protocoles de renoncement pour bien fermer ces activités."
L'utopie du réel
Une question, encore, se pose : comment opérer cette "déconstruction" sans obtenir le consentement éclairé de la population, qui aura besoin de sentir que les besoins qu'elle s'est créé lui seront assurés ? Sommes-nous prêts à faire une croix sur une certaine vision du futur ? Si nous en sommes là aujourd'hui, c'est sans doute parce que nous avons eu l'habitude de voir nos rêves devenir réalité. À tel point que revenir à une certaine forme de normalité, de sobriété technologique, nous paraît de l'ordre de la science-fiction. L'utopie serait-elle donc un retour au réel ?
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