Les fugues et disparitions en hausse              

Le constat est inquiétant : les dossiers de fugue traités par Child Focus sont en recrudescence. L'an dernier, 1.138 enfants ont fui leur domicile ou l'institution où ils résidaient et 188 à plusieurs reprises (+31 % par rapport à 2021). Dans 95 % des cas heureusement, l'enfant est retrouvé rapidement sain et sauf.
La fondation, qui œuvre depuis 25 ans en faveur des enfants disparus et sexuellement exploités, souligne que fuguer constitue un "signal ultime": "Quelque chose ne va pas dans la vie de l'enfant, qui ne voit plus d'autre issue que de fuir la situation, sans savoir où aller". Les disparitions de mineurs étrangers non accompagnés ont aussi augmenté. Au total, 119 enfants et 136 disparitions ont été recensés (+39 % par rapport à 2021). "La guerre en Ukraine, les violences en Afghanistan, en Syrie et en Érythrée, l'impact climatique ainsi que la crise de l'accueil des demandeurs d'asile ont marqué une page noire de l'histoire de l'asile en Belgique", déplore Child Focus dans son rapport.
Autre élément alarmant pointé par la fondation : elle n'a encore jamais reçu autant d'appels concernant l'atteinte à l'intégrité sexuelle des mineurs qu'en 2022. Au total, 109 nouveaux dossiers de "sextorsion" ont été ouverts, dans lesquels les jeunes victimes sont incitées à envoyer des photos ou vidéos dénudées d'elles-mêmes puis, sous la pression de rendre ces images publiques, se font extorquer de l'argent ou des images supplémentaires. Avant la crise sanitaire et les périodes de confinement qui ont favorisé l'usage d'internet, ce type de violence représentait une cinquantaine de dossiers. Child Focus a également enregistré 151 nouveaux dossiers de "sexting" non consensuel, un terme qui renvoie à l'échange en ligne de messages, photos ou vidéos à caractère sexuel.
L'organisme a par ailleurs ouvert 36 dossiers de "grooming", un processus par lequel un adulte aborde intentionnellement des mineurs et les manipule à des fins sexuelles.