Prévention

Trouver chaussure à son pied

Tongs, bottes, escarpins, baskets, talons aiguilles, semelles compensées… Selon la mode, leur fonction, les styles, les chaussures se déclinent sous toutes les formes. Bien que leur utilité première soit de protéger les pieds, certaines ne rencontrent pas du tout cet objectif. Au contraire, elles les font souffrir. Sans parler des importantes conséquences qu’elles ont sur l’ensemble du corps.

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© Odilon Dimier PhotoAlto - Reporters
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Virginie Tiberghien

Virginie Tiberghien

Accessoires de mode, de sport ou de la vie de tous les jours, les chaussures s’assortissent aux vêtements, s’adaptent à nos activités… Mais le font-elles toujours dans le respect du pied qu’elles sont censées protéger ? Qui peut se targuer de ne jamais avoir mal aux pieds ? Et ces nouvelles chaussures délaissées au fond d’un placard sous prétexte qu’elles font souffrir… ? Ces situations sont courantes. Trop étroits, trop hauts, blessant le talon, etc., les souliers martyrisent souvent, en premier lieu, une partie du corps très importante: les pieds.

Tout repose sur eux

Eléments pourtant incontournables de notre anatomie, les pieds, souvent associés à des odeurs nauséabondes, sont, la plupart du temps, délaissés, voire négligés ou cachés. En témoignent de nombreuses expressions négatives comme “être bête comme ses pieds” ou encore “se lever du pied gauche”. Prendre soin d’eux n’est pas ancré dans les mœurs. A tort sûrement… Car plus d’un quart des os du squelette humain sont localisés dans ces zones du corps. Une vingtaine de muscles les composent. Elles sont notamment dotées de nombreuses terminaisons nerveuses.

Enfin, l’ensemble du corps repose sur les pieds. Les chouchouter en choisissant de bonnes chaussures est donc important. Enfermés à longueur de journée, les pieds doivent se glisser dans un soulier qui les soutient tout en leur laissant une certaine aisance.

Être bien dans ses baskets

Je donne toujours trois conseils pour acheter de bonnes chaussures, explique Céline Durieux, podologue aux Clinique universitaires Saint- Luc (UCL). Premièrement, il faut tester sa capacité de pliure au niveau des orteils : ne pas être trop souple comme les ballerines, ni trop rigide comme les chaussures à grosses semelles compensées. Il faut pouvoir plier le pied chaussé. Deuxièmement, il faut être attentif à la torsion : la chaussure, maintient-elle suffisamment le médio- pied? Enfin, il est nécessaire de faire attention au contrefort pour un bon soutien de la cheville.

Une certaine aisance

A ces trois conseils de base, s’ajoute la taille de la chaussure adaptée à la grandeur et à la forme du pied. “Les orteils doivent être à l’aise dans la chaussure. Les comprimer par un bout pointu n’est pas conseillé, continue la podologue. Acheter des chaussures ni trop petites ni trop grandes est essentiel. Pour trouver sa pointure, l’idéal est de pouvoir glisser un doigt (l’auriculaire pour les enfants) derrière le pied une fois chaussé. Pendant la marche, le pied se déroule : les orteils avancent donc un peu dans le soulier. Il doit donc y avoir de la place pour que ce mouvement s’effectue sans encombre. Une autre technique pour s’assurer qu’une chaussure convient à un enfant, ou même à soi, est de dessiner son pied sur une feuille de papier et d’y déposer la chaussure au-dessus de ce croquis. Si le pied dessiné la dépasse en longueur ou en largeur, elle ne convient pas. Acheter une paire de chaussures en fin de journée quand les pieds ont eu le temps de ‘gonfler’ avec l’effort permet de choisir une taille adéquate.

Pas trop hautes

Autre point d’attention : le talon. Féminines, sexy, les chaussures à talon aiguille ou à talon haut séduisent. Pourtant véritables engins de torture, elles devraient rester au placard. “Un talon ne doit pas excéder quatre centimètres de hauteur, poursuit Céline Durieux. Au-delà, des maux de dos risquent d’apparaître. L’idéal, ce sont ceux d’un ou deux centimètres.” Le pied posé sur une chaussure à talon est complètement déséquilibré. Le poids du corps se répartit normalement sur l’ensemble de la plante du pied. Avec un talon, ces proportions ne sont plus respectées : l’avant du pied supporte un poids démesuré.

La matière du soulier importe également, précise la podologue. Le cuir laisse respirer le pied. Ce qui n’est pas le cas des chaussures en plastique ou en synthétique qui le font transpirer. Aux personnes âgées qui ont la peau très fine et fragile, je conseille généralement des souliers en nubuck, matière qui a une certaine souplesse.

Mal au pied !

Des pathologies peuvent apparaître avec un port de chaussures mal adaptées. La plus connue, et sûrement la plus bénigne, est l’ampoule. Cette petite bulle cutanée apparaît à la suite d’un frottement sur le talon, les orteils ou même la plante du pied. Les chaussures neuves (mais elles ne sont pas les seules) sont souvent mises en cause : les tester chez soi en marchant un peu se présente comme une bonne solution. “Passer sa main à l’intérieur du soulier quand on l’achète, conseille Céline Durieux, permet aussi de sentir s’il y a des coutures qui ressortent et pourraient blesser.

Les mycoses ou champignons révèlent aussi les mauvaises chaussures. Une transpiration excessive va laisser le pied macérer dans un endroit clos, humide et sombre pendant de longues heures. L’idéal pour leur prolifération. “Aérer sa chaussure chaque jour et alterner de paires permet d’éviter l’apparition de champignons”, ajoute la podologue. Autres problèmes qui peuvent survenir avec une chaussure inadéquate : les cors, les durillons, les ongles incarnés… Douleurs et gênes sont au rendez-vous.

L’hallux valgus, mieux connu sous le nom d’oignon, présente un problème un peu plus important. Cette déviation du premier métatarsien et du gros orteil déforme le pied. Une chaussure trop étroite (bout pointu) ou trop haute peuvent en être la cause. Il faut parfois envisager une opération pour en venir à bout. Par ailleurs, de mauvais souliers ont une influence sur l’ensemble du squelette. Des problèmes de genoux, de bassins, de dos… parfois, même des migraines peuvent également apparaître.

A chaque activité, sa chaussure

Mais les chaussures sont aussi un accessoire de mode. Comment faire comprendre à son ado que des baskets ne sont peut-être pas des chaussures idéales à porter toute la journée? Ou faut-il renoncer complètement à ces jolis talons hauts ? Le Docteur Renaud Rossillon, orthopédiste pédiatrique à la Clinique Saint- Pierre d’Ottignies tempère : “Certaines chaussures se réservent pour quelques activités spécifiques.” Les tongs à la plage ou les baskets pour le sport… ne devraient pas trop poser de problèmes. Par contre, il ne faut pas envisager de parcourir des kilomètres avec les premières, par exemple. Et de conclure avec humour : “Vous n’allez pas danser avec des chaussures de ski!

Marcher à pied nu (à part pour les patients diabétiques ou neuropathologiques qui ne sentiraient pas une éventuelle blessure) est également encouragé. Avec de telles consignes, chacun pourra trouver chaussure à son pied. Pour se sentir bien dans ses baskets…