Sécurité sociale

Les chômeurs davantage exposés aux maladies cardiovasculaires

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Le chômage provoque des troubles du sommeil, entraîne de la dépression et du stress qui augmentent le risque cardiovasculaire (c)AdobeStock
Le chômage provoque des troubles du sommeil, entraîne de la dépression et du stress qui augmentent le risque cardiovasculaire (c)AdobeStock
Joëlle Delvaux

Joëlle Delvaux

Pour la première fois, une équipe composée de chercheurs en sciences humaines et de médecins a analysé la manière dont la position sociale, l'environnement de travail et le chômage agissent - ensemble et séparément - sur le risque de maladies cardiovasculaires au cours d'une vie. Plus de 130.000 personnes assujetties à l'assurance maladie française entre 2012 et 2021 ont accepté de subir régulièrement des examens de santé et de répondre à des questions sur leurs conditions sociales et professionnelles, leur mode de vie, leurs comportements liés à la santé.

L'étude (1) montre que le chômage augmente fortement la probabilité d'avoir un accident cardiovasculaire et d'en mourir, indépendamment de la position sociale et de l'environnement de travail antérieur. "Cela s'explique en partie par les comportements à risque que l’on retrouve plus fréquemment chez les chômeurs comme le tabagisme, l'alcoolisme, une alimentation déséquilibrée ou encore la sédentarité, commente Pierre Meneton, chercheur à l'Inserm, l'institut français de la santé et de la recherche médicale. Mais le chômage en tant que tel agit aussi directement sur l’organisme. Il provoque des troubles du sommeil, entraîne de la dépression et du stress qui augmentent le risque cardiovasculaire. Ces effets sont d’autant plus marqués que le chômage se prolonge dans le temps."

Plus la position sociale est basse, plus les conditions de travail sont défavorables et plus les périodes de chômage sont longues et/ou fréquentes. 

De puissants déterminants de la santé

"La situation de chômage, la position sociale occupée dans la société et les conditions dans lesquelles s'effectue le travail ont une grande influence sur la santé des individus", ajoute Pierre Meneton. Ces trois déterminants de la santé sont étroitement liés entre eux. Néanmoins, ils ont des effets différents sur le risque de maladie cardiovasculaire. "Une faible position sociale et une longue durée de chômage augmentent les risques d'angine de poitrine, d'infarctus du myocarde et de maladie artérielle périphérique. En revanche, un mauvais environnement de travail augmente particulièrement le risque d'accident vasculaire cérébral (AVC)", observe le chercheur.

Prévention et action

Malheureusement, des individus vont cumuler au cours de leur vie les trois contextes défavorables que sont une position sociale basse, des périodes d'emploi avec des conditions de travail pénibles et des périodes de chômage plus ou moins longues ou fréquentes. "Ce cumul va dégrader d'autant plus leur état de santé", constate Pierre Meneton qui recommande aux médecins d'être davantage attentifs aux conditions d'existence dans lesquelles vivent et ont vécu leurs patients et d'assurer un suivi plus approfondi lorsque ces déterminants de la santé défavorables se cumulent. Le chercheur plaide aussi pour des stratégies globales de prévention face à ce problème de santé publique trop peu pris en compte par les pouvoirs publics.


(1) Dans une première étude, "Cardiovascular burden and unemployment : a retrospective study in a large population based French cohort", seules ont été prises en compte les personnes qui ont connu le chômage ou se trouvent dans cette situation. Résumé :. Une seconde étude "Distinct cardiovascular and cancer burdens associated with social position, work environment and unemployment: a cross-sectional and retrospective study in a large population-based French cohort" compare le risque cardiovasculaire selon la position sociale, l'environnement de travail et le chômage.