Suffragette, un combat oublié

1912. Angleterre. Dans la blanchisserie où elle détruit sa santé avec des dizaines d'autres femmes exploitées par un patron sans foi ni loi, la jeune Maud prend petit à petit conscience que l'amélioration des conditions d'existence des ouvrières et la lutte contre les inégalités entre les sexes passent par l'acquisition de droits politiques pour les femmes.

D'ouvrière, épouse et mère modèle, la jeune femme devient ainsi, presque malgré elle, une suffragette. Galvanisées par la personnalité et le discours d'Emmeline Pankhurst, créatrice du mouvement féministe, Maud et ses compagnes militantes de toutes con ditions réalisent rapidement que les manifestations pacifiques ne mènent à rien.

Les échecs de leurs actions, leur humiliation par les forces de l'ordre et le mépris des hommes politiques face à leurs revendications amèneront le mouvement à adopter des modes d'action plus radicaux et violents. Pour Maud, ni son licenciement ni la rupture forcée avec sa famille ni même la répression sanglante n'auront raison de sa détermination…

Sarah Gavron, la réalisatrice de Suffragette, a trouvé le ton juste pour mettre en scène le combat de ces féministes de la première heure. Sans atermoiements, ni manichéisme. Mais avec toute la force dramatique nécessaire pour illustrer ce pan de l'Histoire qui a abouti, en 1918, à l'obtention du droit de vote pour les femmes britanniques à partir de l'âge de 30 ans. Celles-ci ont encore dû attendre 1928 pour l'obtenir à 21 ans. Et en Belgique, ce droit n'a été acquis pour les fem mes qu'en 1948…

Carey Mulligan incarne à merveille la jeune Maud prise dans le tourbillon de ses sentiments. Et si les apparitions plus que discrètes de Meryl Streep (Emmeline Pankhurst) à l'écran décevront sans doute ses admirateurs, la qualité de cette fiction n'en est pas altérée pour autant.