Retour à Éditos

Tout se joue avant trois ans

Tout se joue avant trois ans © Luc Herickx

Cet adage est bien connu de ceux qui se frottent, de près ou de loin, à l’éducation de jeunes enfants. Il traduit l’importance fondamentale des toutes premières années de la vie, soit la période pendant laquelle s'élabore le terreau fertile de notre avenir : éducation, enseignement, santé, relations sociales… Mais tous les enfants n'ont pas les mêmes chances.


L'accueil des tout-petits est certes crucial pour le développement de leur personnalité, de leur savoir-vivre, de leurs compétences… Cela dit, il a aussi un impact sur le développement familial. En effet, comment et par qui faire garder ses enfants lorsqu'on revient tard du travail ? Et en cas de recherche d'emploi, quelles solutions d'accueil sont prévues ? Comment organiser la vie de famille ?

C'est connu, dans notre société, le manque de places dans les structures d'accueil pour les tout-petits est criant. La tendance est telle que les médias ne l'évoquent plus ou peu. Et pourtant… Seulement 25% des enfants francophones sont accueillis dans des milieux d'accueil subventionnés par la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Les autres parents sont contraints de faire d'autres choix. Soit s'adresser à une structure d'accueil privée, ce qui n'est pas accessible à tous au vu des tarifs pratiqués, soit confier leur enfant à des proches ou s'en occuper eux-mêmes totalement ou partiellement, selon ce qui est faisable.

Priver un enfant d'un accueil encadré et subventionné, c'est aussi le priver du premier lieu de socialisation qu’il pourrait intégrer.

Une socialisation mise à mal

Priver un enfant d'un accueil encadré et subventionné, c'est aussi le priver du premier lieu de socialisation qu’il pourrait intégrer. Là où des relations avec d'autres enfants se nouent et où ils apprennent à faire confiance à d'autres adultes que ceux de leur milieu familial. Il est fondamental que tous les enfants aient accès, le plus tôt possible, à un milieu d'accueil.

Malheureusement, le manque de places et l'accessibilité financière ne sont pas les seuls facteurs limitatifs. La répartition géographique des lieux d'accueil et la flexibilité de leurs horaires peuvent également représenter des freins. Pour ce qui concerne l'extrascolaire, les places sont également en nombre insuffisant. Et les dispositifs Accueil temps libre (ATL) qui permettent l'accueil des enfants avant et après l'école ou pendant les vacances scolaires, fonctionnent de façon inéquitable.

La précarité n'aide pas

La précarisation croissante des familles fragilise également l'éducation et la santé des enfants. Élevés au sein de familles avec des niveaux de formation moins élevés et où les parents ne travaillent peut-être pas, logés dans des habitations à la limite de l'insalubrité, les enfants n'ont pas les mêmes chances de réussite que ceux issus de familles plus favorisées. On sait aussi que les conditions de vie et de logement déterminent fortement l'état de santé. Or, aujourd'hui, 30% des jeunes wallons et 40% des jeunes bruxellois vivent sous le seuil de pauvreté.

Agir

La collectivité se doit de réagir et de repenser l'accueil de l’enfant comme une priorité. Il n'est pas acceptable que ceux qui façonneront l'avenir de notre société soient si peu pris en compte dans les politiques menées par tous les niveaux de pouvoir concernés. Renforçons l'accompagnement médicosocial des familles mis en œuvre par l'Office de la naissance et de l'enfance (ONE). Développons les dispositifs de promotion de la santé à l'école. Offrons aux accueillantes d'enfants un réel statut professionnel, accordons aux professionnels de la petite enfance les moyens financiers leur permettant de poursuivre leurs missions et ouvrons-leur la porte aux formations de qualité.

À la Mutualité chrétienne, nous plaidons pour un financement stable et solide des politiques de la petite enfance, en évitant la multiplication d'agents subsidiants. Il est impératif d'augmenter significativement l'offre de places subventionnées dans les structures d'accueil de l'enfance et de donner à ces lieux les moyens de poursuivre leur triple mission.

L'une est sociale et consiste à accompagner les enfants dans leurs vécus et réalités pas toujours simples. L'autre est éducative et devrait permettre à chacun d'accéder à une éducation axée sur la socialisation, le développement psychoaffectif, physique et intellectuel dans un lieu adéquat. Enfin, la troisième fonction est économique et doit permettre aux parents des enfants accueillis de s'investir dans leur activité professionnelle.

Une priorité de la MC

La MC joue aussi un rôle important dans la santé des enfants. D’une part, en tant que gestionnaire de l'assurance soins de santé obligatoire, elle assure aux familles le remboursements de leurs frais en soins de santé. À cet égard, la MC estime indispensable que soit renforcé davantage encore l'accès aux soins de qualité à tous. Elle plaide notamment pour la suppression des tickets modérateurs sur les visites et consultations chez le médecin pour les enfants jusqu'à 18 ans.

D'autre part, avec ses mouvements socio-éducatifs – particulièrement Altéo et Jeunesse & Santé (J&S) – la MC veille à ce que chaque enfant puisse s'épanouir et être intégré parmi ses pairs et dans la société en général, qu'importent ses difficultés, son handicap, son origine sociale ou culturelle. Elle est attentive à offrir une pluralité de lieux d'animations et de séjours de vacances pour que chacun y trouve sa place.

Enfin, la MC s'est fixée comme objectif d'accompagner au mieux les jeunes parents depuis la naissance de leur enfant jusqu'à ce que celui-ci prenne son envol. Outre des conseils et informations de santé, y compris dans leur volet "prévention", les jeunes parents peuvent compter sur une série d'avantages et de services pour les aider et les épauler.

Citons par exemple le remboursement des tickets modérateurs chez les médecins, orthodontistes, kinés et infirmiers jusqu'à 18 ans, les services de garde d'enfants malades, les réductions financières sur les séjours organisés par J&S, les interventions dans des frais liés à la pratique d'un sport, à la participation à des mouvements de jeunesse, à des classes vertes…

La MC entend poursuivre et intensifier cet accompagnement des jeunes parents dans les moments-clés de leur vie. Car le bien-être et la santé des enfants sont déterminants pour les adultes qu'ils seront demain.