Retour à Éditos

Plus d'engagement pour plus de démocratie

Plus d'engagement pour plus de démocratie © MaC - © Luc Herickx

À bien des égards, 2015 restera dans les mémoires comme une année noire. Comment aborder l'année qui s'ouvre, avec espérance ? Défendre et participer à la concertation sociale et au fonctionnement démocratique de notre pays font partie des raisons de se mobiliser, dès aujourd'hui.


L'énumération des événements qui ont marqué l’actualité sociale, politique et internationale en 2015 fait froid dans le dos. Sur le plan belge, le gouvernement a accumulé les attaques frontales vers ce modèle social que nous avons mis des décennies à construire. L’Union européenne s'est montrée incapable d'envisager des solutions durables et solidaires dans deux crises majeures : celle de la dette grecque et celle de l’accueil des réfugiés. Sur le plan mondial, pointons, en cette fin d’année, la COP 21 et son accord, certes ambitieux, mais dont l’absence de contrainte quant à la réalisation des objectifs peut faire craindre le pire.

Sans parler du terrorisme qui a marqué macabrement 2015 et engendre des réponses sécuritaires, réel danger pour nos libertés. Au niveau social, économique, politique, sécuritaire, ce sont les valeurs-mêmes de notre modèle démocratique qui sont interrogées, malmenées, secouées.

Dès lors, comment entamer cette année 2016 avec un message positif, mobilisateur, porteur d’espérance ? Comment, en tant que mouvement social, et en tant qu’individus, appréhender les enjeux colossaux qui se présentent face nous ?

Une année d’élections

L'année 2016 sera marquée par deux évènements majeurs pour le monde associatif et notre mouvement social. D’une part, les élections sociales (syndicales) et d’autre part les élections mutualistes. Deux rendez-vous différents, mais de même importance en ce qu’ils sont des moments de démocratie fondamentaux.

Avant toute chose, les élections sociales et mutualistes sont la preuve de la pleine légitimité démocratique des organisations syndicales et mutualistes et, plus globalement, des mouvements sociaux. Cette démocratie sociale, au même titre que la démocratie parlementaire, est un rouage de notre société qu’il faut défendre bec et ongle. Il s’agit de renforcer leur complémentarité, pas de les opposer.

Ces élections sont aussi un signal fort. Celui de la capacité et de la volonté des citoyens de s’engager et de se mobiliser avec vigueur dans des organisations sociales. Pour rappel, il y avait 62.000 candidats sur les listes de la CSC pour les élections sociales en 2012. Ces chiffres seront à peu de choses près identiques cette fois-ci. Au niveau de la Mutualité chrétienne, il y avait près de 2.700 candidats lors des élections mutualistes de 2010. Gageons que le lancement de l’appel à candidature de ce 21 janvier verra une nouvelle salve de volontaires se manifester. Cet engouement traduit une volonté collective d’engagement social, de défense et de promotion des droits, d’engagements concrets pour la solidarité… Soyons-en fiers !

Pour faire vivre la culture du débat

Aujourd’hui, les contre-pouvoirs et les expressions collectives alternatives sont menacés. Il est de notre devoir de rappeler sans cesse que la démocratie, c’est également l’acceptation du conflit des opinions, le débat. En tant que mouvement social, nous voulons le revendiquer haut et fort : il existe des alternatives. Elles se construisent tantôt dans l’expression radicale de nos divergences avec une pensée unique ultralibérale de plus en plus présente, tantôt dans les mécanismes de concertation qui font que notre pays est, malgré ses difficultés, l’un des pays qui résiste le mieux aux crises économiques et financières de ces dernières années.

Les attaques du gouvernement fédéral

Le gouvernement fédéral, décomplexé par la présence de la N-VA, n’hésite pas à mener une politique qui vise à délégitimer, voire même à écarter, les structures sociales intermédiaires que sont les syndicats et les mutualités et, partant, à mettre à mal la concertation sociale. Ce qui risque d’entraîner une société plus conflictuelle, sujette à l’affrontement et à la violence. Ce même gouvernement mène une politique d’austérité et de régression sociale qui, de fait, fragilise et démantèle l’ensemble des droits et protections sociales et donc la démocratie sociale.

Enfin, ce gouvernement s’est engouffré dans une politique sécuritaire qui risque de mettre à mal les droits civiques, sociaux et culturels fondamentaux, ce qui participe également à fragiliser les droits démocratiques.

Sur la base de tous ces constats, l’engagement et la mobilisation sont plus que jamais essentiels. Pour le Mouvement ouvrier chrétien (MOC) et pour ses organisations constitutives (CSC, MC, Équipes populaires, Vie féminine, JOC), ils prennent différentes formes. Parmi elles, les élections syndicales et mutualistes. Celles-ci constituent un point d’appui indispensable pour réaffirmer la force et la légitimité des positions et des actions de nos mouvements sociaux. N’hésitez plus, engagez-vous ! Bonne année sociale 2016 ! Et vive la démocratie !