Economie

À qui profite la crise ?

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(c)AdobeStock
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Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

La crise du coronavirus n'a pas fait que des dégâts sanitaires, elle a aussi largement creusé les inégalités sociales dans le monde : plus de 250 millions de personnes supplémentaires risquent de sombrer dans l’extrême pauvreté en 2022. "Cela équivaut à un million de personnes toutes les 33 heures. Dans le même temps, un nouveau milliardaire est apparu en moyenne toutes les 30 heures pendant la pandémie", compare Oxfam dans un rapport sorti fin mai à l'occasion du forum économique mondial de Davos.
Les chiffres épinglés par l'ONG sont édifiants. Ces deux dernières années, les milliardaires du secteur agroalimentaire ont vu leur richesse augmenter de 382 milliards de dollars. Cargill en particulier tire son épingle du jeu avec un bénéfice net de 4,6 milliards, soit le meilleur résultat enregistré depuis la création de l'entreprise il y a un siècle et demi. Le secteur de l’énergie n’est pas en reste. "Le bénéfice combiné de cinq des plus grands groupes du secteur de l’énergie (à savoir BP, Shell, TotalEnergies, Exxon et Chevron) s’est élevé l’année dernière à 82 milliards de dollars, soit l’équivalent de 2.600 dollars par seconde. Leurs marges bénéficiaires sont à leur plus haut niveau depuis cinq ans, avec une moyenne de 8%", calcule Oxfam.

Sans surprise, l’industrie pharmaceutique tire aussi profit de la crise. "La pandémie a fait 40 nouveaux milliardaires dans le secteur pharmaceutique." Mais c'est aussi le cas des géants du numérique qui ont su rentabiliser le temps passé en ligne par les internautes confinés. Selon Oxfam, Apple, Microsoft, Tesla, Amazon et Alphabet (Google) enregistrent ensemble des profits en hausse de 94% par rapport à 2019.
Face à ce creusement des inégalités, l’ONG plaide pour un impôt sur les bénéfices exceptionnels réalisés durant la pandémie. Une idée qui fait du chemin, comme le montre la position du FMI qui, en 2021 déjà, suggérait un prélèvement sur les profits exceptionnels des grands groupes énergétiques.