Inclusion

Handicap : lever les freins à l’emploi

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(c)Belpress
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Joëlle Delvaux

Joëlle Delvaux

"Les personnes en situation de handicap (PSH) ont des capacités et des compétences qui répondent aux exigences et attentes des employeurs. Il faut impérativement que le taux d’emploi de ces personnes dans le marché du travail augmente. Seulement 23 % travaillent, s'insurge le Conseil supérieur national des personnes handicapées (CSNPH) dans une note récente sur l'emploi des PSH (1). La loi prévoit des aménagements raisonnables et des actions positives pour rendre possible l’accès et le maintien au travail mais en même temps, les dispositifs prévus ne sont pas suffisants : ils n’obligent jamais les employeurs à mettre en place des procédures pour le recrutement sur le long terme de PSH", dénonce l'organe consultatif qui rassemble les organisations de personnes handicapées dont Altéo.

"Les préjugés (plus souvent malades, moins compétentes…) et les peurs (adaptations trop chères ou impossibles, contraintes administratives…) constituent un frein supplémentaire à l'emploi des personnes en situation de handicap", complète Emilie De Smet, secrétaire politique d'Altéo. Sans parler de la méconnaissance des aides disponibles (2). "Par exemple, des compensations à la perte de rendement d'un travailleur sont accordées par les autorités publiques. Les aménagements du poste de travail peuvent aussi être pris en charge financièrement". Pour sa part, Marie Hermans, directrice du CET, évoque un outil intéressant pour déconstruire les préjugés : "Le stage en entreprise offre à l’employeur un cadre rassurant et permet au stagiaire de reprendre confiance en ses capacités. La rencontre est souvent bénéfique et, sur cette base, on peut construire un projet solide".

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Le principe est de considérer la personne avec un handicap comme capable d’être compétitive si le bon emploi et le bon environnement de travail peuvent être mis en oeuvre. (c)AdobeStock

Fonds Andrée Maes : handi'cap vers l'emploi

Des incitants à l'emploi

À certaines conditions, les personnes en situation de handicap peuvent percevoir une allocation d'intégration (AI). Depuis longtemps, les associations de personnes handicapées dénoncent les pièges qui découlent des règles d'octroi et modes de calcul de cette allocation.
"Deux leviers importants ont été récemment apportés en faveur de l’emploi des personnes handicapées", se réjouit Andrée Maes. Depuis le 1er janvier 2021, les revenus du partenaire de la personne handicapée ne sont plus du tout pris en compte. "Indirectement, la suppression du "prix de l'amour" freine la probabilité que l’activité professionnelle d’une personne handicapée occasionne une réduction ou une suppression de cette allocation".
Le deuxième levier est plus direct. Jusqu'il y a peu, la personne handicapée se voyait supprimer son AI dès que ses revenus professionnels dépassaient 23.356 euros bruts par an. Le relèvement de l'exonération à 63.000 euros par an réduit fortement le piège à l’emploi. Cette mesure gouvernementale décidée en mars dernier s'applique avec effet rétroactif au 1er octobre 2021. 50.000 personnes sont concernées.
"Il s'agit là d'une avancée majeure, commente Emilie De Smet. L’AI a pour objectif de compenser les surcoûts liés au handicap. Ils sont parfois plus élevés lorsque la personne travaille". Mais le piège à l'emploi n'est pas complètement refermé, regrette-t-elle. "Si la personne handicapée perd son emploi ou tombe en incapacité de travail, elle risque de perdre son AI car seuls 3.780 euros (par an) provenant des revenus de remplacement sont exonérés dans le calcul de l'allocation. Notre revendication est très claire : l'AI doit être accordée sans condition de revenus".


(1) "Emploi pour les personnes en situation de handicap", note de position du CSNPH, 20 juin 2022.
(2) Des informations et conseils peuvent être obtenus auprès de l'AViQ en Wallonie, de PHARE à Bruxelles et de la VAPH en Flandre.