Médicaments

Hôpitaux : des médicaments essentiels à charge du patient     

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Julien Marteleur

Julien Marteleur

La facturation des médicaments délivrés par les pharmaciens hospitaliers est pour le moins complexe : elle diffère selon que le patient est traité en ambulatoire (en hôpital de jour) ou qu'il doit passer au moins une nuit à l'hôpital (hospitalisation dite "classique"). Là où les médicaments délivrés en ambulatoire sont facturés à l'assurance soins de santé par unité et par médicament délivré, ceux administrés au cours d'une hospitalisation classique sont remboursés en partie de façon forfaitaire et pour d’autres à l’unité. Dans ce cadre, l'hôpital reçoit un montant forfaitaire par admission, indépendamment de la consommation de médicaments. Par définition, tous les types de médicaments sont contenus dans ce forfait, sauf exception comme par exemple les médicaments pour maladies rares ou les antitumoraux. Par ailleurs, le ticket modérateur (la partie qui reste à charge du patient une fois que l'assurance soins de santé a remboursé sa part, NDLR) pour les médicaments remboursés dans le cas d'une hospitalisation classique représente 0,62 euro par jour d'hospitalisation, indépendamment du nombre de médicaments consommés ou délivrés. Or, le dernier baromètre hospitalier de l'Agence intermutualiste (AIM) montre que les patients doivent encore s'acquitter de sommes importantes pour des frais de pharmacie hospitalière, en plus du ticket modérateur.

42 euros de suppléments en moyenne
Interpellé par ce constat, le service d'études de la MC s'est penché, d'une part, sur la nature des médicaments non remboursés aux membres de la mutualité lors d'une hospitalisation "classique" (au moins une nuit à l'hôpital), et d'autre part sur les coûts que ce type de médicaments représentaient pour le patient. En 2021, 91 % des membres MC hospitalisés au moins une nuitée se sont vus administrer un ou plusieurs médicaments non remboursés et ont vu leur facture augmenter. Or, il s'agit parfois de médicaments essentiels, d'une importance thérapeutique vitale pour une prise en charge efficace du patient à l'hôpital : plus de la moitié de ces coûts (59 %) sont générés par des médicaments administrés sous injection ou perfusion.
L'an dernier, 449.366 membres MC qui ont dû passer plus d'une nuitée à l'hôpital ont dû payer eux-mêmes 25,8 millions d'euros pour des médicaments non remboursés. Un chiffre toutefois moins important que les années précédentes, les mesures prises dans le contexte de la crise sanitaire ayant eu un impact sur l'activité hospitalière. Le coût par patient et par admission était en moyenne de 42 euros. Pour la moitié de ces admissions, le montant facturé a été inférieur ou égal à 21 euros mais, pour 5 % d'entre elles, le montant est grimpé au-delà des 136 euros.

Anesthésiques et désinfectants
Si l'on se penche de manière plus détaillée sur la répartition des coûts en fonction du type de médicaments, on constate que 12 % concernent les anesthésiques (utilisés tant pour l'anesthésie locale que générale), et 9 % les antiseptiques et désinfectants (utilisés par exemple pour la désinfection des plaies, des muqueuses ou de la peau avant ou après une opération). Les médicaments utilisés dans le cadre de thérapies cardiaques (agissant sur le système cardio-vasculaire, comme l'éphédrine ou l'épinéphrine) viennent compléter le podium (7 %), suivis de près (6 %) par les substituts sanguins et les solutions de perfusion (produits ajoutés dans les perfusions comme les électrolytes ou le glucose). Autant de préparations pharmaceutiques dont la personne hospitalisée peut difficilement se passer, selon la raison de son séjour.
En dehors de ce classement, d'autres médicaments non remboursés semblent pourtant essentiels au patient durant son hospitalisation, selon le service d'étude de la MC : les analgésiques et anti-douleurs (comme le Dafalgan®), anti-nauséeux et anti-inflammatoires par voie intraveineuse (Ibuprofen®) administrés en hospitalisation classique entrent notamment dans cette catégorie, tout comme les liquides servant à dissoudre ou diluer des médicaments.
Pour le service d'étude de la MC, il n'est pas acceptable que ce type de thérapie médicamenteuse ne soit pas prise en charge par l'assurance maladie obligatoire (AO). Les chercheurs plaident pour un meilleure définition des médicaments dit "courants" repris dans le BMF et préconise que les médicaments essentiels dans le cadre de soins administrés à l'hôpital soient inclus dans le "forfait médicaments". Cela permettrait non seulement au patient admis à l'hôpital de bénéficier d'une plus grande sécurité tarifaire concernant le coût des médicaments, mais encouragerait également une utilisation rationnelle de ce type de médicaments dans les hôpitaux.