Politiques de santé

Que s'est-il passé sur la planète Santé en décembre ?

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La rédaction

La rédaction

#FairFarma pour une politique pharmaceutique plus juste

Alors que la Belgique entame la présidene du Conseil de l’Union européenne, la société civile se mobilise pour que notre pays pèse sur la politique pharmaceutique européenne en cours de réforme. "Les prix augmentent, les budgets sont sous pression et les pénuries se multiplient. Si nous n’agissons pas, l'accès aux médicaments sera de plus en plus menacé", alertent les signataires de FairFarma, dont la MC (1). Mutualités, syndicats, ONG plaident pour une meilleure transparence. "Le prix doit être déterminé par le coût de la recherche et de la production, plus une marge bénéficiaire raisonnable, insistent les signataires. Les gouvernements devraient exiger des entreprises pharmaceutiques qu'elles mettent à disposition toutes les informations relatives au coût de la recherche et du développement d'un nouveau médicament. La Commission européenne propose uniquement de rendre public le financement de la recherche publique, mais ce n'est pas suffisant." Autres enjeux : adopter des mesures plus fermes contre les ruptures de stock et assurer une solidarité avec le reste du monde. "Davantage de transparence et des prix plus justes dans les pays européens les plus riches profiteraient également à tous les autres pays. De surcroit, nous demandons que la Belgique soutienne des initiatives en faveur de la production locale de vaccins, de tests et de médicaments."

Concentrer des soins de chirurgie complexe porte ses fruits

Depuis juillet 2019, les opérations chirurgicales complexes de l’œsophage et du pancréas ne peuvent plus être réalisées que dans un nombre limité de centres de référence spécialisés. Conventionnés par l’Inami, ces centres offrent des soins de haute qualité grâce à une expertise clinique et scientifique et une approche multidisciplinaire. Quatre ans après, l’évaluation montre que la mortalité à 90 jours après une telle opération chirurgicale est en diminution significative. Il faut donc continuer dans cette voie pour garantir la qualité de ces soins complexes à tous les patients et augmenter leurs chances de survie, a commenté l’Inami.

Malade ou accidenté pendant les vacances ?

Depuis ce 1er janvier, le travailleur qui tombe en incapacité de travail pendant une période de vacances annuelles ne perd plus ses jours de congés (1). Il pourra les prendre plus tard à deux conditions :

• Informer immédiatement son employeur de son lieu de résidence s'il ne se trouve pas à son domicile.
• Soumettre à son employeur un certificat médical dans le délai normal applicable dans l'entreprise. Le certificat médical doit mentionner l'incapacité de travail, sa durée probable et si, en vue d'un contrôle, le travailleur peut se rendre éventuellement à un autre endroit.

Le travailleur qui souhaite maintenir ses jours de vacances dès la fin de la période d'incapacité doit en faire la demande à son employeur au plus tard lors de l'envoi du certificat médical.

Pour les jours d'incapacité concernés (y compris pendant les vacances collectives), le travailleur a droit au maintien de sa rémunération normale (salaire garanti). Cette nouvelle législation permet à la Belgique de se conformer à la directive et à la jurisprudence européennes qui considèrent qu’un travailleur doit bénéficier d’au moins 4 semaines de vacances par an pour se reposer et se détendre, ce qui n’est pas le cas durant un congé maladie, exclusivement dédié à la guérison et à la convalescence.


(1) Loi du 17 juillet 2023 publiée au Moniteur belge du 31 juillet 2023.

Radiologie : une meilleure sécurité tarifaire

Dorénavant, le patient qui se rend à l'hôpital en semaine aux heures de bureau pour un scanner ou une IRM est assuré de payer le tarif officiel. En effet, depuis le 4 décembre (1) les hôpitaux ne peuvent plus facturer de suppléments d'honoraires pour les examens d'imagerie médicale lourde (2) réalisés en ambulatoire (hors hospitalisation) en semaine avant 18h. L'interdiction vaut aussi en cas d’urgence médicale. Cette mesure a été décidée par le ministre fédéral de la santé, Frank Vandenbroucke, après avoir constaté que dans plusieurs hôpitaux, certains examens radiologiques ne sont plus proposés aux tarifs conventionnés. Un frein financier important à l'accès aux soins. Pourtant, "l’équipement médical lourd (les appareils IRM et PET) est financé en grande partie par les pouvoirs publics", rappelle le ministre.

Toutefois, l’interdiction n’est pas absolue. Les hôpitaux peuvent facturer des suppléments d'honoraires (pour les radiologues non conventionnés) lorsque la prestation est effectuée à la demande expresse du patient entre 18h et 8h, ainsi que les weekends et jours fériés. Le patient doit avoir été informé des conséquences financières et avoir donné son consentement par écrit dans un document signé, dont il reçoît un exemplaire avant la prestation. Désormais, chaque hôpital doit garantir aux patients de pouvoir effectuer un examen d'imagerie médicale lourde aux tarifs officiels et ce, dans le délai scientifiquement recommandé en fonction de leur pathologie. Le ministre a l'intention d'augmenter le nombre d’appareils IRM pour éviter la surconsommation de CT-scans alors même quel’exposition aux radiations a des effets nocifs sur la santé (ce qui n'est pas le cas des IRM).


(1) Loi du 13 novembre 2023 portant des dispositions diverses en matière de santé, parue au Moniteur belge du 24 novembre 2023.

(2) Examens CT, PET, PET-CT, PET-IRM, SPECT-CT et IRM.

Rhume : gare aux décongestionnants

Les médicaments vasoconstricteurs oraux que nous prenons souvent pour soulager un nez bouché (tels que Sinutab® ou Rhinatiol antirhinitis®) comportent des dangers, met en garde l'Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) en France. Celle-ci fait état de cas - rares mais récurrents - d'effets secondaires graves, tels que des accidents cardiovasculaires cérébraux ou des infarctus du myocarde. Et ce même avec une dose minime. Vu le caractère non essentiel de ces médicaments qui ne font que soulager les symptômes du rhume, l'ANSM déconseille leur utilisation et a demandé leur réévaluation au niveau européen. En Belgique, le Centre belge d'information pharmacothérapeutique (CBIP) avait déjà publié un avis appelant à la prudence en 2013. "Même si les cas sont rares, il est dommage de s'exposer à des dangers inutiles, souligne le Dr Jimmy Fontaine, de la Société scientifique de médecine générale, qui rappelle que vente libre ne veut pas dire sans danger. Il faut être particulièrement prudent en cas d'hypertension, d'antécédents cardiaques ou d'un autre facteur de risque cardiovasculaire. Ces médicaments sont en outre contre-indiqués en cas de grossesse et chez l'enfant. Sous forme de spray, même si l'action est plus locale, le risque reste présent." Autre point d'attention, veiller à éviter la surdose de paracétamol car certains décongestionnants en contiennent déjà. Pour soulager un nez bouché sans risques, mieux vaut donc utiliser un spray à base d'eau de mer ou du sérum physiologique, et prendre son mal en patience…

Jeunes et cancer : de meilleurs soins

1.700 adolescents et jeunes adultes atteints d’un cancer bénéficieront de soins adaptés. Depuis le 1er décembre dernier, une convention a été signée entre l’Inami et six hôpitaux du pays : le CHU Liège Sart-Tilman, l’Institut Jules Bordet et les Cliniques universitaires de Saint-Luc (à Bruxelles), l’UZ Leuven, l’UZ Gent et l’UZA (à Anvers). Ces jeunes patients ont des attentes spécifiques, des interrogations sur leur avenir, leur scolarité, etc. Les équipes hospitalières les accompagneront pendant et après le traitement, tant sur le plan médical que psychosocial.

Quand sont versées les indemnités d’incapacité de travail ?

Vous êtes en incapacité de travail ? Le moment auquel la MC vous paie vos indemnités dépend de votre situation. Vous êtes salarié ou chômeur et en incapacité depuis moins d'un an? Vos indemnités sont payées deux fois par mois. Vous êtes en incapacité de travail depuis plus d’un an ou vous êtes indépendant ? Vous êtes payé une fois par mois.

>> Le calendrier de paiement des indemnités en 2024 est disponible sur mc.be • Consultez vos indemnités via l’app Ma MC ou votre dossier en ligne "Ma MC" (mc.be/ma-mc)

Enfants et écrans : une relation complexe

Une équipe de chercheurs australiens a effectué une gigantesque méta-analyse (1) sur l'exposition des enfants aux écrans, impliquant pas moins de 1,9 million de participants. Résultat : qu’ils soient positifs ou négatifs, les phénomènes mis en évidence sont d’intensité "faible à modérée". L’étude, relayée par Le Monde, précise qu'il est difficile d'établir des liens de causalité et évoquent seulement de "possibles corrélations". Elle souligne aussi l'importance de tenir compte des types d'utilisation des écrans. Si les écrans en général, la télévision et les jeux vidéo sont associés à une baisse de capacité d'apprentissage, les livres numériques et les programmes éducatifs, quant à eux, augmentent ces capacités.

L'étude met également en évidence l'importance de la façon dont les écrans sont utilisés, en particulier en compagnie d'un parent. En termes de santé, les chercheurs constatent des effets "faiblement négatifs" à l'utilisation des écrans, telles que des consommations moins saines associées à la publicité numérique pour des aliments peu sains. Selon les chercheurs, "les recommandations – notamment de l'OMS – devraient moins se concentrer sur la réduction du temps passé devant l'écran, mais plutôt sur l'usage qui en est fait."

La Belgique condamnée pour son inaction climatique

La Cour d’appel a rendu son verdict dans l’Affaire Climat, confirmant que le gouvernement fédéral belge et les gouvernements flamand et bruxellois violaient les droits des citoyens en ne mettant pas en œuvre des politiques suffisantes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% d'ici 2030. "Chaque pays doit assumer sa responsabilité dans la lutte contre la crise climatique. C’est particulièrement vrai pour un petit pays comme la Belgique, dont les émissions sont relativement élevées", a réagi dans une carte blanche l'asbl Affaire climat, qui représente 70.000 citoyens. "Un pays qui signe et ratifie des traités internationaux doit les respecter". La ministre flamande de l’Énergie, Zuhal Demir, a annoncé qu’elle allait se pourvoir en cassation contre cette décision. Après les Pays-Bas et l'Allemagne, les actions en justice menées par des citoyens pour mettre les États face à leurs responsabilités climatiques se multiplient. Des verdicts sont attendus très prochainement dans trois litiges en cours devant la Cour européenne des droits de l'Homme : l'affaire des aînées pour le climat (Suisse), Duarté Agostinho (initiée par de jeunes portugais) et Grande Synthe (France).

La solitude, un risque pour la santé

Nous l'avons expérimenté lors de la pandémie de Covid, le manque de contacts sociaux peut faire des dégâts… Les impacts sur la santé mentale et physique sont sérieux et encore trop peu reconnus, alerte l'OMS qui vient de créer une nouvelle commission sur le lien social. Objectif : en faire une priorité de santé publique et développer des moyens de renforcer les liens dans nos sociétés. Comme le souligne l'organisation, l'isolement social et le sentiment de solitude sont des facteurs de risque importants de décès prématuré, au même titre que le tabagisme ou l'abus d'alcool. Ils sont notamment associés à une hausse du risque de maladie cardiovasculaire. Loin de se limiter aux personnes âgées, la solitude toucherait 25 % des adultes mais aussi 5 à 15 % des adolescents à travers le monde. Avec à la clé, des difficultés d'intégration dans la société aux niveaux de l'éducation, de l'emploi, etc.

Votre avis sur l'éolien citoyen

La Belgique l’a décidé : il y aura plus d’éoliennes en mer du Nord pour contribuer à notre indépendance énergétique. 34 coopératives citoyennes d’énergie renouvelable ont créé SeaCoop pour permettra aux citoyens belges de devenir copropriétaires d’une partie de ces futures éoliennes, de consommer ensemble leur énergie renouvelable et de s'assurer de prix stables. Intéressés par ce projet citoyen ? Participez à l'enquête lancée par SeaCoop avec l'Université de Mons.

Plus d'infos : rescoop-wallonie.be/enquete

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Impacts sur la santé, malnutrition, pauvreté, perte de productivité, déforestation, consommation d’eau, émissions de gaz à effet de serre… L’alimentation entraîne des coûts cachés considérables. L'organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) les chiffre à au moins 10.000 milliards de dollars par an, soit 10 % du produit intérieur brut mondial. Pour faire évoluer nos systèmes alimentaires vers des modes de production plus justes et durables, la prise en compte de l’ensemble de ces externalités est essentielle, estime la FAO.