Editos

2023… Sursum Corda

3 min.
Alexandre Verhamme et Elisabeth Degryse

Alexandre Verhamme et Elisabeth Degryse

En 2024, pour la première fois en Belgique, nous voterons pour l’ensemble des niveaux de pouvoirs : communal, régional, fédéral. Nous savons qu’en année électorale, nos institutions vivent au ralenti. Ajoutez à cela que, la même année, la Belgique doit assurer la Présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, autant dire que tout développement politique en 2024 risque de se réduire à sa plus simple expression... Dès lors, 2023 nous apparaît comme une année cruciale. Non seulement parce que c’est la dernière “ vraie ” année de cette législature, mais aussi parce qu’elle doit permettre aux partis de penser les programmes qui répondront aux défis de la future législature. Et quelle législature !  Car au-delà du fait qu’elle nous amènera au pied du bicentenaire de la Belgique – notre pays fêtera ses 200 ans en 2030 - elle nous amènera au pied du mur vis-à-vis de nos responsabilités collectives, a minima au niveau belge et européen, à l’égard du climat et de l’habitabilité future sur notre Terre. 

Face à ce défi qui traverse tous les partis, toutes les communautés et tous les niveaux de pouvoir, le temps est venu de faire cause commune et d’appréhender de manière intégrée les transitions sociales, économiques et environnementales, autour d’une feuille de route partagée avec des objectifs communs qui placent la qualité de vie et la santé des personnes en filigrane, voire en finalité. Dans notre jargon, c’est ce que nous appelons “ la santé dans toutes les politiques ” ( health in all policies ).  Le politique a une obligation de résultat ! À lui de créer les conditions de réussite et de s’appuyer sur les acteurs institués et corps intermédiaires pour penser ce nouveau modèle de vivre ensemble… C’est notre premier vœu !  

Réformer notre fiscalité n’est plus une option aujourd’hui, elle est une nécessité, un facteur critique de succès.

Nous avons la chance d’avoir des experts académiques, des organismes d’études et d’expertises tant publics que privés reconnus et une société civile organisée qui ne manque pas de force propositionnelle. Nous aurons aussi besoin de nous appuyer sur des leviers financiers et collectifs pour opérer ces transitions : réformer notre fiscalité n’est plus une option aujourd’hui, elle est une nécessité, un facteur critique de succès.  Nous avons besoin d’une fiscalité plus juste, solidaire et équitable au regard de la réelle capacité contributive de chacune et chacun. À cet égard réaffirmons que, tout comme les cotisations sociales ne sont pas une charge, mais une assurance solidaire contre les risques sociaux, cessons de voir les impôts aussi comme des charges, mais davantage comme des investissements au service de la transition sociale, économique, environnementale et en santé publique.  C’est notre deuxième vœu !

Prendre soin

Autant les différentes crises que nous traversons montrent combien le modèle économique est arrivé à ses limites et qu’il doit se réinventer pour affronter l’horizon 2030, autant elles nous montrent aussi combien l’État, comme organe régulateur et protecteur de sa population, doit reprendre une série de choses en main, à commencer par les biens et services de première nécessité !  Il nous est aujourd’hui insupportable d’entendre nos affiliés devoir renoncer à se faire hospitaliser pour se chauffer, renoncer à faire venir l’infirmière à domicile ou renoncer à une partie de leurs médicaments au comptoir de la pharmacie pour pouvoir manger ! Et que dire de la très grande précarité qui s’accroît, du nombre de sans-abri qui ne cesse d’augmenter, de la crise de l’accueil des demandeurs d’asile, pour laquelle la Cour européenne de droits de l’Homme a récemment rappelé la Belgique à l’ordre ? Il faut que les politiques qui nous gouvernent retrouvent le sens des priorités, de ce qui fait le quotidien tant des plus vulnérables, que de la classe moyenne en général. Un État qui n’est pas capable de loger, chauffer, nourrir sainement et soigner sa population est un État malade. En cette période charnière, il est grand temps de (re)prendre soin de notre société, de notre communauté humaine. C’est notre troisième vœu !

Il nous est aujourd’hui insupportable d’entendre nos affiliés devoir renoncer à se faire hospitaliser pour se chauffer.

Quant à notre dernier vœu, il est pour vous collègues et collaborateurs de la mutuelle, pour vous membres de la MC, pour vos proches, vos familles. Au nom de toutes nos collaboratrices, collaborateurs et volontaires engagés au sein de notre mutualité et son réseau de services et de mouvements sociaux, nous vous souhaitons une année riche en petits et grands moments de qualité, pour prendre soin les uns des autres, vous épanouir, rêver ou plus modestement, mais surement, rendre un peu meilleur votre quotidien. Sursum Corda…