Vivre ensemble

Pour une société et son partage

2 min.
© Vie Féminine
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Joëlle Delvaux

Joëlle Delvaux

Mettre des mots sur ce qu'est le soin, questionner le modèle actuel de la prise en charge des personnes vulnérables, découvrir des alternatives et esquisser les contours d'une société plus juste et plus égalitaire dans le soin donné à autrui : tels étaient les objectifs ambitieux de Vie féminine, en entamant sa semaine d'étude à Namur.

Un moment fort pour nouer des liens, partager des expériences, échanger sur des projets mis en place par des groupes de femmes, là où elles vivent. Et réaffirmer les valeurs chères au mouvement : bienveillance, respect, ouverture, empathie, refus de la prise de pouvoir…

"S'occuper des enfants, des personnes âgées ou souffrantes, se soucier de la santé des gens en général, ce sont là des activités fondamentales", lançait Hafida Bachir, Présidente de Vie féminine, en guise d'introduction. Et de déplorer que dans notre société individualiste valorisant à outrance la performance, la vulnérabilité soit très mal perçue et les services aux personnes considérés comme des coûts et non des investissements.

"En Belgique comme ailleurs, ce sont toujours les femmes qui prennent massivement en charge tâches ménagères, éducation des enfants et soin aux proches. Cela reste considéré comme une extension naturelle de leur rôle maternel. Le travail du soin n'est toujours pas reconnu comme demandant compétences et savoir-faire. Et quand il est exercé dans le cadre d'un emploi, il ne donne pas forcément droit à un statut décent", ajoutait-elle.

Lui emboitant le pas, Caroline Ibos, maîtresse de conférences en science politique à l'Université de Rennes, a expliqué qu'aux inégalités entre hommes et femmes se superposent des inégalités entre classes sociales et entre ethnies.

"De plus en plus de femmes travaillent et sont donc moins disponibles pour assurer les soins dans la sphère privée. Parallèlement, l'État se désengage financièrement. Les soins à autrui sont ainsi de plus en plus souvent délégués à des femmes peu qualifiées ou étrangères, elles-mêmes très vulnérables. En définitive, ce travail de soin, bien qu'essentiel, se trouve invisible et dévalorisé, ce qui soulève des questions éthiques et politiques".

"Beaucoup de femmes – de tous âges – nous disent que les soins qu'elles assument auprès de leurs proches les ont fortement précarisées", commente à son tour Cécile De Wandeler, responsable du bureau d’étude de Vie féminine, qui pointe, outre les aspects financiers, le manque de considération, les difficultés de concilier vie professionnelle et vie familiale, l’isolement, le mal-être… Certaines femmes expriment aussi leur crainte qu'un statut d'aidant proche avec indemnisation les enferme davantage encore dans ce rôle.

"Ce qu'il faut c'est le partager plus équitablement avec les hommes et que les pouvoirs publics investissent dans des services collectifs qui soient accessibles à tous et de qualité. Les besoins vont fortement croître dans les années à venir. Il est urgent de s'y préparer", conclut-elle.

Pour en savoir plus ...

Plus d'infos sur les actions et services de Vie féminine : 02/ 227.13.00 • www.viefeminine.be.