Vivre ensemble

Ils aident les demandeurs d'asile un peu, beaucoup, passionnément...

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© Figaro BELGAIMAGE
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Matthieu Cornélis

Matthieu Cornélis

Un logement à prix décent

28 logements à Liège, 21 à Seraing, 27 à Verviers… Caritas International a su mobiliser un grand nombre de propriétaires solidaires en Wallonie. Mais la demande ne fait que croître.

Le concept ? Il s'agit de louer un bien immobilier à une ONG mise en réseau avec Fedasil. Le prix ? "Les propriétaires perçoivent un loyer moins important que si leur bien était mis sur le marché locatif, concède Dominique Fontaine. Mais le loyer leur est versé quelques jours avant le mois à venir et l'équipe technique de Caritas est là pour les dépannages et les interventions. C'est nous qui meublons les appartements, ajoute le chargé de gestion des logements Caritas en Wallonie. Pas de déménagements, pas de dégâts ! Les propriétaires sont tranquilles !"

Au-delà de la facilité de gestion et de l'assurance de percevoir un loyer, il y a l'envie d'agir avec le cœur. "Parce que ma famille est arrivée d'Italie dans les années 50 et que ça me fait plaisir d'aider des gens qui cherchent une vie meilleure en Belgique", raconte un propriétaire contacté par nos soins. "Parce que nous, Turcs araméens, avons foulé ces mêmes routes de l'exil", complète un autre, grâce à qui une famille irakienne dort aujourd'hui sous un toit. "Pour ne pas être juste des petits bourgeois qui profitent des revenus de leur bien", ajoute un dernier.

Caritas s'occupe de tout ! Le propriétaire ne doit même pas se rendre sur place ! Si toutefois l'envie lui venait d'aller saluer les locataires, il risque, comme Robert, d'être surpris par leur gentillesse. "Tous les jours ils me proposent du thé. Et lorsque je refuse parce que je suis occupé à travailler dans l'appartement d'à côté, ils donnent l'impression d'être fâchés !"


Dons en nature

Rasoirs, savons, vêtements… Les besoins matériels étaient très importants pour assurer un minimum de confort à ceux qui ont tout laissé derrière eux. Cinq mois après la crise, ils le sont toujours.

Gilles a vu les images du camp Maximilien à la TV. Il n'en a pas fallu plus pour le sortir du divan. Arrivé sur place, il propose son aide comme des centaines de bénévoles. Quelques jours plus tard, le voilà coordinateur d'un entrepôt où pleuvent les dons en nature. Pendant les 15 premiers jours, c'est du bénévolat sept jours sur sept. Puis il est engagé par Oxfam pour deux mois. "On recevait des centaines de sacs poubelles remplis de fringues, de denrées alimentaires, de produits d'hygiène… Une cinquantaine de bénévoles réceptionnaient les sacs, triaient leur contenu, préparaient les commandes qui partaient pour 'le camp'."

Lorsque le savon ou certains vêtements manquaient, Gilles formulait des demandes sur la page Facebook de la Plateforme d'aide aux réfugiés ou par téléphone. "Tous les jours j'avais l'impression d'avoir Saint-Nicolas au bout du fil, se rappelle-t-il. Besoin urgent de bouilloires ? On en recevait cinq le lendemain. Plus de savon ? Ils étaient livrés à l'entrepôt quelques heures plus tard. On a même reçu une voiture à prêter pour quelques semaines !"

Qu'en est-il aujourd'hui ? Gilles, débrouillard et impliqué, a été embauché par le Samu social pour participer à la création d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile à Neder-Over-Heembeek. Et, question solidarité, les dons sont beaucoup moins importants qu'il y a cinq mois. "On a de gros besoins, insiste Lauranne. Surtout des vêtements pour homme de tailles small et medium. Et puis des denrées alimentaires non périssables." Si la situation est plus calme parce qu'il y a moins d'arrivées de migrants, "il faut que nous puissions anticiper une possible autre crise", affirme la nouvelle coordinatrice de l'entrepôt.


Offrir de l'attention

Offrir du temps, des compétences… C'est gratuit et précieux ! Certains le font vis-à-vis d'une structure existante. D'autres ont l'audace de monter leur propre projet.

Abdelhak est de ceux-là. En 2013, avec cinq compagnons, la plupart "sans-papiers", il montait le Collectactif. Ce collectif récupère les invendus du marché des abattoirs d'Anderlecht, les cuisine, puis les sert à prix libre.

Collectactif a beaucoup aidé sur le camp du Parc Maximilien en septembre dernier, cuisinant parfois jusqu'à 1.000 repas par jour avec l'aide des bénévoles. Aujourd'hui, pour combattre la précarité, ses membres ont monté une structure : Cuisine du monde pour tout le monde. Ils servent des repas à des demandeurs d'asile, des sans-abri, des sans-papiers… "On est efficaces lorsqu'on travaille ensemble, conclut Abdelhak. Pour contrer la précarité, mieux vaut des petites victoires !"

Des bénévoles sont aussi les bienvenus dans les structures d'accueil pour demandeurs d'asile. Au centre Fedasil de Jodoigne, par exemple, la crise de l'accueil a clairement suscité une grande solidarité. Aujourd'hui, 45 bénévoles s'y impliquent. L'administration ne peut d'ailleurs plus accepter de nouveaux volontaires. Françoise et Véronique s'investissent dans l'école des devoirs. La première y est depuis cinq ans, la seconde depuis deux ans. Jan aussi, un autre bénévole, soutient la scolarité des enfants et aide les résidents à trouver un logement lorsqu'ils obtiennent le statut de réfugié.

"On a une dette envers l'humanité, explique-t-il lorsqu'il évoque les raisons de son engagement. Mes grands-parents ont été aidés en 1914 et en 1940. C'est la moindre des choses. Recevoir un sourire de leur part en retour, c'est énorme !"