Vie professionnelle
Entreprendre aujourd’hui n’est pas chose simple. Bloqués entre la vision angoissante de l’entrepreneur dévoué corps et âme à son projet et celle, mythique, de la success story, même les plus audacieux pourraient y perdre leur entrain. Et à l’engagement personnel, il faut ajouter l’investissement financier inévitablement associé aux démarches, parfois décourageantes, auprès des banques. Mais halte à la morosité ! Il est possible d’entreprendre- et aussi - d’investir autrement.
Crédal est une coopérative née depuis un peu plus de 30 ans. Son objectif ? Envisager la finance de manière éthique et solidaire. Son créneau ? L'argent doit avoir un impact positif. Elle propose ainsi aux épargnants de donner du sens à leurs placements en les transformant en crédit de l’économie sociale ou encore en micro-crédit pour les personnes exclues du secteur bancaire. En 2014, le nombre de coopérateurs atteignait 2.313 personnes, dont deux tiers de personnes physiques. Le montant des fonds s’élevait à vingt sept millions cinq cents mille euros. 967 crédits ont été octroyés en 2013.
Impact + est un nouveau produit lancé par Crédal. Il s’adresse aux entrepreneurs qui veulent développer des projets durables et/ou citoyens. Ces entrepreneurs veulent placer l’intérêt général au coeur de leur activité économique, et veulent apporter des solutions rentables à des problèmes sociaux, sociétaux ou environnementaux. Ces entrepreneurs pensent que l’économie peut être plus durable, plus locale, plus solidaire et plus équitable. Et penser autrement son entreprise, c’est aussi penser autrement son financement. Impact + se propose d’être cet outil de financement. Actuellement, une vingtaine de projets "tests" ont démarré grâce à Impact +.
Comme un investissement financier n’est pas l’unique gage de réussite, Crédal propose également aux entrepreneurs de les accompagner dans le développement de leur projet. Natacha Sagit a bénéficié de cet accompagnent. Graphiste de formation, Natacha souhaitait donner un nouveau sens à son boulot et a procédé à un virage à 180 degrés. Elle range ainsi son ordinateur et se lance dans une entreprise d’alimentation durable. L’idée ? Travailler autour du concept de "raw food" ou de l’alimentation vivante( 1). La nourriture crue est beaucoup plus riche en nutriments, essentiellement en vitamines, fibres, enzymes et sels minéraux qui peuvent se dégrader lors de la cuisson. Natacha déshydrate des fruits, légumes, céréales, noix afin de garder leur valeur énergétique grâce à une démar che respectueuse du produit et sans gaspillage. "J’ai pu, via Crédal, participer à un stage qui rassemblait des personnes elles aussi désireuses de développer des projets autour de l'alimentation durable. Nous avons visité des fermes, rencontré des experts, bénéficié de conseils pour mettre en place le business plan… L'accompagnement m’a également permis de me constituer un réseau. Je me suis rendue compte que je n'étais pas seule à avoir des idées d'entreprenariat durable ; c'est rassurant de voir que des choses existent, que les gens ne sont pas en concurrence et se soutiennent les uns les autres".
"Il faut absolument qu’on se parle !". C’est le cri du cœur de Maxime Everaert adressé à Natacha. Il est le propriétaire de deux cantines modernes à Bruxelles. Le Yéti2 (2) est situé rue du Viaduc à Ixelles. Dans cet espace chaleureux, nul crainte d’y rencontrer un abominable homme des neiges. Par contre, tout le monde est invité à manger sain, quel que soit son budget. "Le Yéti, ce n’est pas qu’ une entreprise alimentaire, c’est aussi un projet d’insertion socio-culturelle et socioprofessionnelle". Maxime a répondu à un appel d'offres "marché public" édité par la commune d'Ixelles pour une occupation horeca au sein de la Maison de la solidarité.
Le projet devait répondre à plusieurs conditions dont un aspect de solidarité. "Notre politique de prix veut coller à la réalité de la personne. On applique donc une dégressivité des tarifs en fonction du statut du client : étudiant, artiste, senior, personne en recherche d'emploi ou émargeant du CPAS, ouvrier communal, jeune entrepreneur… La réduction peut aller jusqu'à 50 % sur le plat du jour. Pour ne pas être intrusif, nous fonctionnons à la confiance et ça marche très bien comme ça. Nous n'avons quasiment pas de charges locatives grâce à la commune d'Ixelles, ce qui nous permet de faire un travail sur les prix". Le Yéti 2 s’inscrit dans un projet de quartier. C’est un petit espace où les personnes qui y vivent et qui y travaillent se retrouvent et partagent un moment. "Des gamins du quartier y organisent des tournois de kickers avec des fonctionnaires du Parlement européen". Du côté des repas, Maxime privilégie des produits locaux , de saison, issus d'une agriculture responsable ou du commerce équitable. "Le Crédal a été pour moi une précieuse source d'information, de soutien, de partage des valeurs et de suivi".
La solidarité, ça fait du bien, mais cela ne suffit pas toujours, Natacha et Maxime en sont conscients. "On croise les doigts, on fait plein de calculs et on attend de voir comment le vent va tourner".
Groupe Crédal, Place de l'Université, 16, 1348 Louvain-la- Neuve • Tél : 010/48.33.50 • credal@credal.be • www.credal.be
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