Les bibliothèques en mode take-away

Le 1^er novembre, un décret modifiait l'arrêté ministériel sur les mesures d'urgence du 28 octobre (1), autorisant dès lors les bibliothèques publiques à rester ouvertes, moyennant le respect des consignes de sécurité sanitaire. Pour accueillir les lecteurs dans les meilleures conditions, tout en tenant compte de ces contraintes, certaines bibliothèques ont trouvé de nouvelles façons de fonctionner. À Libramont, à Namur, à Braine-L'Alleud ou à Forest, pour ne citer que quelques exemples, les bibliothécaires ont opté pour une ouverture sur rendez-vous. Un choix qui dépend aussi des moyens budgétaires et organisationnels.

Marie-Madeleine Deproost est responsable du réseau des bibliothèques de Woluwe-Saint-Pierre : "Nous nous sommes concertés, avec l'échevin de la culture, et plutôt que de fermer nos petites bibliothèques de quartier afin de pouvoir maintenir la centrale ouverte, nous avons convenu qu'il fallait préserver l'accessibilité au niveau local. Nous avons donc mis en place, tant à la bibliothèque principale que dans ses deux filiales, un système de prêt sur rendez-vous. C'est aussi une façon de gérer l'affluence, en évitant qu'un trop grand nombre de personnes se présentent au même moment dans des locaux à la capacité limitée (par la nécessité de respecter les distances sociales)."

Les lecteurs sont invités à communiquer la liste des livres qu'ils souhaitent emprunter, par téléphone ou par voie électronique. Les bibliothécaires les rappellent ensuite pour convenir du moment où ils viendront retirer leur commande. "La majorité est satisfaite de ce système : nous avons reçu des retours positifs et encourageants, se félicite Marie-Madeleine. Cela permet de garder le lien, ce qui est très apprécié, surtout par les personnes isolées, pas seulement les plus âgés mais aussi les célibataires, ceux qui font du télétravail et ne voient presque personne de la journée." Il ne s'agit pas que de favoriser la lecture et de maintenir l'accès à la culture. "Il y a toujours eu un aspect très social dans le métier de bibliothécaire. Actuellement, le besoin de contacts humains ressort nettement. Quand les gens viennent chercher leurs livres, c'est toujours l'occasion pour eux de papoter."

Bousculer les habitudes

"Lors du premier confinement, nous avions dû fermer", se rappelle Marie-Madeleine. "Le prêt sur rendez-vous avait été organisé une première fois au moment du déconfinement progressif, en mai. C'est donc la deuxième fois que nous recourons à ce système. L'expérience acquise nous a permis de le mettre en place plus rapidement et de mieux nous ajuster à la demande."

Du côté des lecteurs, la formule exige aussi un peu d'adaptation. Ceux qui avaient l'habitude de piocher parmi les nouvelles acquisitions et les suggestions de lecture, de flâner dans les rayons ou de demander conseil au comptoir, doivent à présent faire leur marché en ligne, ou se contenter d'un échange téléphonique avec le bibliothécaire pour les orienter. Avec parfois l'avantage de renouveler le regard ! "Le take-away m'a vraiment permis de découvrir votre catalogue en ligne, témoigne une lectrice régulière auprès de Marie-Madeleine. C'est une révélation !"

"C'est la meilleure solution pour le moment, mais ça demande une tout autre organisation", résume la bibliothécaire. Pour les amoureux de la lecture aussi, cela doit rester "faute de mieux" et temporaire. D'autant que le prêt n'est pas l'unique mission des bibliothèques publiques : elles ont aussi un rôle d'acteur culturel et pédagogique. De nombreux étudiants s'y rendaient durant leur blocus. Or toutes les animations sont, pour l'heure, suspendues, de même que l'accès aux salles de lecture et aux espaces numériques.

---

(1) Source : le Moniteur belge (moniteur.be)