Loisirs

Le bien-être, des mains à la tête

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Soraya Soussi

Soraya Soussi

“Quand je passe la journée au potager, je me reconnecte à la nature.” “Travailler le bois me permet de ne plus penser à rien.” Daniel et Fanny se sont tous les deux récemment lancés dans une activité manuelle. Ils témoignent du bien-être que leur procurent ces nouveaux loisirs. Si l’effet de mode est indéniable, les effets thérapeutiques de ces activités le sont également. Pour preuve, depuis quelques années, les méthodes qui utilisent l’art et les activités manuelles comme moyens de traitement se sont développées.

Marie-Jeanne Poncin, éducatrice en art-thérapie, anime des ateliers variés et accessibles à tous : “L’idée est d’utiliser la matière quelle qu’elle soit pour permettre à la personne d’entrer dans un cheminement personnel de découverte de soi”. Cette approche permet également d’aborder un mal-être avec d’autres modes d’expression que le langage verbal : “Certaines personnes que j’accompagne éprouvent parfois des difficultés à exprimer verbalement ce qu’elles ressentent ou ne sont pas toujours à l’aise dans l’expression de leurs émotions.”

Manipuler dans tous les sens

Créer, tisser, planter, construire, manier avec ses mains influent sur le cerveau. Plusieurs études démontrent le lien entre le fait d’exercer une activité manuelle et le bonheur souvent ressenti qui en découle. Ainsi, selon une étude menée par l'Université de Drexel, aux États-Unis, pratiquer une activité artistique réduit considérablement le taux de cortisol (hormone liée au stress) dans le corps. Aussi, “lors de la pratique d’une activité manuelle, des zones du cerveau s’activent et sécrètent certaines hormones agissant sur le bien-être : la sérotonine, l’ocytocine, la dopamine et l’endorphine, complète Marie-Jeanne Poncin. La création permet de quitter le mental car on est dans le concret. Quand on cuisine ou qu’on travaille la terre, le résultat est pratiquement immédiat. C’est un sentiment de satisfaction direct qui nourrit aussi la confiance en soi”.

La sensation de bien-être s’explique également par la reconnexion au sensoriel. “Les sens très sollicités dans nos sociétés sont le visuel et l’au ditif. Nous sommes généralement envahis par le bruit. Et c’est l’une des premières sources de stress. Dans le travail de la matière, on est dans le toucher. Or, au sein de nos sociétés occidentales, ce sens est moins va lorisé. C’est pourtant celui qui nous reconnecte à notre corps et nous apaise.”

Un temps retrouvé

La période de confinement a permis à certaines personnes de se réapproprier du temps pour elles à travers la découverte de travaux manuels. C’est le cas de Fanny qui s’est inscrite à une courte formation en ébénisterie : “J’ai toujours aimé créer avec mes mains. Je suis un peu tombée par hasard sur cette formation d’un mois et demi. On était au début du déconfinement. Moralement, cela tombait à point nommé. La période n’avait pas été facile tous les jours. Travailler le bois et profiter de ce moment pour moi étaient ma principale source de bien-être.”

Daniel, lui, a commencé à cultiver un potager urbain créé par des amis. “J’aspirais depuis longtemps à être davantage connecté à la nature. C’était l’occasion rêvée de me lancer concrètement dans un projet qui fait sens pour moi. Travailler la terre est un vrai bonheur. Jardiner me donne le sentiment de méditer, ça me détend. Et puis c’est valorisant de voir pousser ce que vous avez planté.”

Les activités manuelles permettent de renouer avec la notion de temps, un temps qui se fait de plus en plus rare et précieux dans nos sociétés : “Créer favorise l’ancrage dans l’instant présent. Il est pourtant essentiel de pratiquer une activité sans se mettre la pression, sous prétexte de se faire du bien ou parce qu’il le faut”, conclut Marie-Jeanne Poncin.