Economie

Ebola : urgence sanitaire mondiale

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Philippe Lamotte

Philippe Lamotte

L'arrivée d'Ebola dans l'est de la RDC remonte à un an et, à l'heure actuelle, 80 nouveaux malades continuent à être découverts chaque semaine. Extrêmement contagieuse, la maladie entraîne souvent le décès après de redoutables fièvres hémorragiques. A ces nouveaux cas s'est ajoutée, mi-juillet, la découverte d'un malade – un pasteur - dans la ville de Goma. La crainte est grande que la maladie s'implante désormais dans cette ville de deux millions d'habitants, nœud commercial fourmillant situé à proximité du Rwanda et de l'Ouganda, muni en outre d'une connexion aéroportuaire vers Kinshasa.

Face à cette évolution récente, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié la situation congolaise d'"urgence sanitaire mondiale", un statut qui n'a été adopté que quatre fois par le passé. Les ravages d'Ebola, qui avait gagné l'Afrique de l'Ouest en 2014 et 2015, sont encore dans toutes les mémoires. L'épidémie avait tué près de 10.000 personnes et, pour éviter qu'elle déborde sur d'autres pays ou continents, avait exigé le déboursement de milliards de dollars. Aujourd'hui, en RDC, la situation est encore plus complexe. Des dizaines de milices armées sévissent dans la région. Certains chefs n'hésitent pas à instrumentaliser la maladie, ce qui va jusqu'à mener à des attaques de postes de santé : en plus des 1.650 décès liés directement à la maladie, une soixantaine d'agents de santé ont été tués ou blessés depuis le début de l'année.

Les ONG sont confrontées à des dilemmes : doivent-elles se faire protéger militairement ? Oui, pour protéger leur personnel et acheminer des vaccins à bon port. Mais sensibiliser aux bons réflexes de protection (notamment lors des inhumations), approcher en douceur les familles, respecter les traditions etc., tout cela passe mal avec des mitraillettes aux alentours. Traumatisée par la guerre et habituée aux mouvements démographiques imposés par la force, une partie de la population est encline à voir Ebola comme une "fabrication" des autorités centrales de Kinshasa ou de l'Oc­cident. De plus, les vaccins sont insuffisants et les promesses d'aide financière de la communauté mondiale tardent à se concrétiser. Situation à haut risque…