Environnement

Qualité de l’air : les constructeurs allemands toussotent

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Philippe Lamotte

Philippe Lamotte

Les quantités de particules fines et d’oxydes d’azote relâchées dès 2006 par les moteurs automobiles ont-elles été indirectement favorisées par les constructeurs VW, BMW et Daimler ? C’est ce qu’ont cherché à savoir les ser­vices de la Commissaire à la Concurrence Margrethe Verstager qui, en octobre 2017, se sont lancés dans des inspections au sein des locaux industriels des entreprises concernées. Malgré l’impact avéré sur la santé de ces deux types de polluants, ce n’est pas la préoccupation sanitaire qui a directement animé la Commissaire, mais bien le soupçon que les constructeurs se sont livrés à une attitude quelque peu surréaliste dans le domaine de la concurrence : ils auraient agi de concert pour ne pas se livrer concurrence sur le plan de la qualité de leurs produits. Résultat, des technologies à impact de pollution moindre seraient arrivées sur le marché plus tard qu’il n’était possible.

Concrètement, les trois constructeurs auraient coordonné leurs stratégies pour limiter le déploiement de systèmes de réduction de la pollution par un système d’injection d’urée dans le flux des gaz d’échappement des moteurs diesels. En se mettant d’accord sur la taille du réservoir et le rythme de remplissage, ils auraient limité l’efficacité du dispositif. Les moteurs à essence auraient également "bénéficié" de telles attentions, particulièrement les caractéristiques de certains filtres à particules sur les moteurs à injection directe. La commissaire soupçonne qu’en restreignant la concurrence dans le domaine de l’innovation, les constructeurs aient "privé les consommateurs de la possibilité d’acheter des voitures moins polluantes, alors que la technologie était à la disposition des constructeurs".

Dans le langage technocratique européen, la démarche de la commissaire ne consiste, à ce stade, qu’en une "communication des griefs" aux principaux intéressés. Qui peuvent maintenant or­ganiser leur défense. Mais, après le "dieselgate", qui avait vu de grands constructeurs convaincus d’avoir manipulé les tests d’homologation pour minimiser la pollution de leurs véhicules, c’est une nouvelle épée de Damoclès pour le secteur automobile allemand. En termes de pénalités financières potentielles (jusqu’à 10% du chiffre d’affaires annuel mondial), bien sûr. Mais aussi en termes d’ima­ge de marque auprès de populations européennes de plus en plus irritées – au sens propre comme figuré – par les polluants atmosphériques sur la santé.