Environnement

 Climat : le pouvoir des ultra-riches

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(c)AdobeStock
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Soraya Soussi

Soraya Soussi

Cet été, la presse étasunienne accusait les célébrités Sylvester Stallone, Kim Kardashian, Kevin Hart (acteur, humoriste), Dwyane Wade (star de basketball) d'avoir explosé leur consommation d'eau potable en Californie, en proie à la sécheresse. Et ce, malgré les restrictions imposées par l'État. À la rentrée de septembre, lors d'une conférence de presse, le capitaine de l'équipe de football du Paris-Saint-Germain (PSG) Kylian Mbappé et son entraineur Christophe Galtier, ont fait preuve d'un mépris total envers les enjeux environnementaux en justifiant leurs déplacements en jet privé (exemple : Paris-Nantes). Le tollé médiatique qui s'en est suivi a surtout ravivé le débat sur la responsabilité des ultra-riches dans le combat pour le climat. 

Écocide par les grandes fortunes

Aujourd'hui, l'effort en matière de transition écologique est réparti de manière inéquitable. Si certains choisissent de vivre plus sobrement, d'autres continuent de consommer à foison, et accélèrent le processus de déséquilibre écologique. Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les individus les plus pauvres qui polluent le plus. La preuve en chiffres : l'empreinte carbone des 1% les plus riches est 66 fois plus élevée que celle des 10% les plus pauvres de la planète (1). Par contre, ce sont les plus pauvres qui trinquent le plus.

Cette année, Greenpeace France et Oxfam France ont publié un rapport éloquent sur la responsabilité des ultra-riches en matière de lutte écologique. Les deux organisations ont analysé et calculé l'empreinte carbone des milliardaires français. Résultat : le patrimoine financier de 63 milliardaires français émet autant que celui de 49,4% des ménages français. À côté de cela, une enquête du journal britannique The Guardian révélait en 2017 que des milliardaires comme Peter Thiel (co-fondateur de Pay Pal et directeur de Palantir, entreprise américaine de récolte de données) (3) ou Larry Page (Google) investissaient dans l'achat de terrains pour se réfugier en Nouvelle-Zélande, région qui subirait moins les futurs dégâts climatiques (4).

Depuis le début de la pandémie, les bénéfices des plus grandes fortunes de France ont doublé et leurs achats en "véhicules" de luxe ont flambé. Les ventes de super-yachts ont augmenté de plus de 8% en 2021, par rapport à l’année 2019, soit avant la pandémie, selon le site spécialisé Super-yacht Group. Même envolée pour les jets privés : en 2021, le site spécialisé en vols d’affaires Wingx recensait 3,3 millions de vols dans le monde, un record enregistré pour une seule année. Or, les jets privés qui transportent en moyenne 4 à 5 personnes par vol sont 5 à 14 fois plus polluants (par passager) que les avions commerciaux et 50 fois plus polluants que les trains, estime un rapport de l’ONG Transport et Environnement (5).

Un grand pouvoir, de grandes responsabilités

Bien sûr, tous les riches ne sont pas insensibles aux enjeux climatiques. Les collectifs "Patriotic Millionnaires", "Millionaires for Humanity", "TaxMeNow" qui rassemblent des super millionnaires sont en faveur de taxes plus élevées sur les grandes fortunes. Mais ces collectifs sont minoritaires sur la planète des extra-privilégiés.

L’effort pour le climat doit être collectif. Non seulement de la part des plus fortunés dont certains sont aussi des célébrités, et donc fortement exposés médiatiquement. Ils font office d’exemple pour de nombreux citoyens qui les suivent, les imitent. Les médias ont à ce propos un rôle majeur à jouer quant au choix des personnalités à valoriser. Mais aussi, de la part des politiques dont la responsabilité est de faire appliquer des mesures fortes et ambitieuses en matière de transition écologique en faisant payer le prix fort aux plus pollueurs. Les États aux PIB les plus élevés ont aussi une responsabilité historique dans les émissions de CO2. Ils doivent, par conséquent, financer les efforts des pays qui se développent et leur garantir les moyens nécessaires pour assurer leur transition écologique.