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Vaccin : piqûres de rappel                 

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(c)iStock
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Julien Marteleur

Julien Marteleur

En Belgique, le seul vaccin légalement obligatoire (depuis 1967) est celui contre la poliomyélite. Chez les plus petits, plusieurs vaccins sont toutefois exigés pour qu’un enfant ait le droit de fréquenter un milieu d’accueil agréé par l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE), qu'il s'agisse d'une crèche, d'une maison d'enfants, ou encore du domicile d'un accueillant. Pour les enfants de moins de 3 ans qui fréquentent ces milieux d'accueil, les vaccins imposés sont, outre celui contre la polio, ceux contre la diphtérie (associé en pratique au vaccin contre le tétanos), la coqueluche, les infections à Haemophilus influenzae de type b, la rougeole, la rubéole et les oreillons. Sont fortement recommandés ceux contre le pneumocoque, la méningite à méningocoques C et l’hépatite B (2).
Ces mesures n'ont rien de superflu : entre 5 mois et 2 ans, les enfants forment leur propre système immunitaire au contact des différentes maladies infectieuses et s’immunisent naturellement contre différents microbes. Mais certains peuvent engendrer des pathologies considérées à tort comme de simples "maladies d’enfant", alors que leurs potentielles complications sont graves. Les oreillons, par exemple, s’accompagnent d’une inflammation des glandes salivaires et peuvent causer des atteintes au système nerveux central. La rougeole cause une inflammation du cerveau dans 1 cas sur 1.000 et peut occasionner des troubles neurologiques graves, voire mortels chez l’enfant. De plus, "au sein de ces structures réservées aux enfants en bas âge, les maladies contagieuses peuvent se répandre facilement, pour plusieurs raisons : les tout-petits explorent leur environnement avec la bouche, ils n’ont pas le contrôle de leurs urines et de leurs selles et ils sont en contact étroit et répété avec des adultes et d’autres congénères", rappelle-t-on à l'ONE.

Coqueluche mais pas varicelle ?
Mais pourquoi exiger un vaccin contre une maladie et pas contre une autre, comme la varicelle par exemple ? En Belgique, c'est le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) qui fait autorité en matière d'application de la vaccination en général ou d'un vaccin particulier comme outil de santé publique. C'est lui, essentiellement, qui élabore et met à jour le fameux calendrier de vaccination, outil de référence du programme de vaccination de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le Conseil définit les populations à cibler, l’âge optimal pour recevoir un vaccin, le nombre de doses et les intervalles de temps à respecter entre l’injection des celles-ci, le rythme des rappels… Les âges requis pour une vaccination ne sont donc pas choisis par hasard : ils correspondent à des moments précis où la maladie est plus fréquente et/ou plus sévère et où la vaccination et ses effets ont été étudiés. De plus, avant d’introduire un vaccin dans un schéma de vaccination, le Conseil compare le risque associé aux bénéfices attendus pour la collectivité : c’est la balance bénéfice-risque. Des réactions allergiques sévères peuvent survenir exceptionnellement après une vaccination : c'est le "choc anaphylactique", qui arrive habituellement dans les 15-20 minutes qui suivent l’injection du vaccin. Mais cela n’arrive que dans un cas sur un million...
À ses débuts, la crise du Covid-19 a entraîné un report des soins moins urgents. Le Risk Management Group fédéral avait à l’époque recommandé de maintenir les services minimums. Le respect du programme de vaccination durant les consultations ONE en faisait partie : moyennant quelques ajustements, les centres ont pu continuer à vacciner. "Si cela n’avait pas été le cas, la diminution de la couverture vaccinale pouvait entrainer des conséquences aussi graves chez les enfants que le coronavirus chez les personnes âgées, assure-t-on à l’ONE. On aurait par exemple pu connaître une recrudescence des cas de coqueluche, qui est plus grave chez des enfants très jeunes et où des décès peuvent survenir. Une diminution de la couverture vaccinale contre la rougeole chez les enfants de 12 mois risquait d’entraîner des épidémies chez une population spécialement vulnérable. La vaccination contre le rotavirus (première cause de gastro-entérites graves chez les nourrissons et les jeunes enfants, NDLR) devait par ailleurs être finalisée avant 6 mois. Cela permet déviter environ 6.000 hospitalisations en Belgique chaque année".

Le vaccin pour le bien commun
Chez nous, à l'exception de la seconde dose du vaccin rougeole-rubéole-oreillons (voir encadré), le taux de couverture vaccinale est en augmentation pour l’ensemble des vaccins qui font partie des programmes de vaccination avec une couverture vaccinale élevée. Selon un rapport de l'Institut scientifique de santé publique Sciensano publié en 2017 (3), 98,8% des 18-24 mois étaient vaccinés contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTP). 97,3% d'entre eux l'étaient également contre les infections à pneumocoque, qui peuvent causer méningites, pneumonies ou septicémies. Une bonne chose, car "si le taux d’enfants vaccinés contre une maladie au sein du milieu d’accueil est supérieur à 95%, le risque de survenue de cette maladie dans ce milieu est infime", précise l'ONE.
Car la vaccination protège non seulement l’enfant de manière individuelle, mais elle est également salutaire pour ceux qui l'entourent : les bébés qui ne sont pas encore en âge d’être vaccinés, par exemple, sont mieux protégés, la vaccination des autres enfants faisant barrage à la circulation de la maladie. C’est cette protection de groupe qui justifie l’obligation vaccinale des enfants en milieu d’accueil. Cette dernière, qui s'appuie sur un arrêté de la Communauté française du 27 février 2003, est inscrite dans le règlement d’ordre intérieur de chaque structure agréée par l'ONE. Les parents doivent signer ce document quand ils y inscrivent leur enfant. Ne pas respecter cet engagement, c’est l'exposer à une exclusion. Seule une décision médicale peut donner lieu à une dérogation de vaccination, en cas d'allergie grave aux composants d'un vaccin ou si l'enfant est immunodéprimé, par exemple. En revanche, respecter le calendrier vaccinal imposé par le programme de vaccination est gratuit dans le cadre de la médecine scolaire ou d’une consultation ONE. Chez un médecin ou un pédiatre, seuls les éventuels frais de consultation sont à prendre en charge par les parents.

>> La plupart des vaccins destinés aux nourrissons et aux enfants peuvent être obtenus gratuitement grâce à la Communauté française de Belgique. La liste de ces vaccins est disponible sur le site vaccination-info.be.

Rougeole-rubéole-oreillons : du neuf

La vaccination rougeole-rubéole-oreillons (RRO) se déroule en deux temps pour apporter une protection optimale : une première dose injectée à 12 mois suivie d'une seconde, administrée à 11-12 ans. Depuis le 1er septembre, l’âge requis pour l’administration de cette deuxième dose est désormais de 7-8 ans.

La Belgique, en collaboration avec l’OMS, s’était engagée à éliminer la rougeole d’ici 2020. Dans le cadre de cette résolution, le Conseil supérieur de la Santé a recommandé en avril 2019 de changer l’âge de l’administration de la deuxième dose du vaccin RRO. Administrer plus tôt cette seconde dose permettra de limiter le nombre total d’adolescents qui ne sont pas encore complètement vaccinés.
Si l’enfant est inscrit en 2e primaire (7-8 ans), il est dorénavant dans la tranche d’âge recommandée pour l’administration de la deuxième dose de vaccination RRO. Le service en charge de la Promotion de la Santé à l’École (PSE) proposera – sans obligation - cette vaccination. Si l’enfant est inscrit en 6e primaire (11-12 ans), le service continuera comme les années précédentes à proposer la vaccination RRO. Si l’enfant est inscrit dans l’enseignement spécialisé, le vaccin lui sera proposé sur base de son âge et pas du niveau scolaire. Dans le cadre de la médecine scolaire, cette vaccination est gratuite. L’enfant âgé de 11 ou 12 ans qui devait recevoir son vaccin cette année peut, s’il ne souhaite pas être vacciné par la médecine scolaire, se rendre chez son médecin traitant pour demander à recevoir la seconde dose qu’il n’a pas encore reçue. Le vaccin est là aussi gratuit, mais uniquement s’il est commandé par le professionnel de santé. Il ne faut donc pas l’acheter en pharmacie.