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Médicaments : sombres perspectives pour les aînés

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© Enéo
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Philippe Lamotte

Philippe Lamotte

"Il n'y aura pas d'impact sur le patient". Maggie De Block, la ministre fédérale de la Santé, l'a promis à plusieurs reprises. Le tour de vis de 900 millions d'euros d'économies qu'elle entend imposer au secteur des soins de santé sera indolore. Il suffirait, indique la Ministre, de mieux lutter contre le gaspillage de médicaments en augmentant le prix des antibiotiques et des antiacides ou en réduisant leur remboursement par l'Inami. On pourrait aussi, estime-t-elle, modérer les honoraires réclamés par les professions paramédicales.

Chez Énéo, mouvement social des aînés, partenaire de la Mutualité chrétienne, on ne croit pas à l'efficacité de ce genre de mesures. Jugées trop simplistes, celles-ci frapperaient au tout premier plan les personnes âgées, grosses consommatrices de médicaments et de soins de santé. Pour limiter le gaspillage, l'ASBL préfère dès lors le recours à une batterie d'autres mesures, plus "en amont" des problèmes et surtout plus efficaces.

Lesquelles ? Adapter le packaging des médicaments, par exemple, à la situation clinique du patient, en prévoyant de petits conditionnements en début de traitement (les gros conditionnements n'arrivant éventuellement que plus tard, et avec un plafond de remboursement).

Élargir, aussi, le système de prescription médicale individualisée (PMI) aux institutions de soins psychiatriques et aux prisons, puisqu'il fonctionne déjà bien dans les maisons de repos pour les traitements chroniques stabilisés.

Troisième suggestion d'Énéo : aller encore plus loin dans la sensibilisation des prescripteurs de médicaments, afin d'éviter qu'ils délivrent des médicaments par habitude ou à la demande du patient. Ou encore durcir les négociations avec les firmes pharmaceutiques afin d'obtenir l'instauration du système Kiwi à l'échelle européenne et non plus nationale (1)

"Le système Kiwi n'enthousiasme pas Maggie De Block. En matière de gaspillage, elle préfère concentrer la responsabilité chez le seul patient…"

Selon Énéo, la seule lutte contre le gaspillage des médicaments via les moyens que l'ASBL préconise pourrait rapporter 600 millions d'euros, soit les deux tiers de l'économie exigée par la Ministre. Le 21 avril dernier, ces arguments (et d'autres encore) ont été exposés au cabinet de celle-ci par une délégation d'Énéo. 

"La réunion s'est mal déroulée, souligne Philippe Andrianne, Secrétaire politique de l'association. Le représentant de la Ministre nous a opposé une fin de non-recevoir sur la plupart de nos propositions. Le système Kiwi n'enthousiasme pas Maggie De Block. En matière de gaspillage, elle préfère concentrer la responsabilité chez le seul patient, alors qu'une part de celle-ci est aussi à imputer aux prescripteurs. Quant à l'extension de la PMI, elle est jugée trop coûteuse pour les pharmaciens indépendants… Bref, très peu d'ouverture à ce stade, mais nous restons mobilisés"


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