Santé mentale

Les groupes de parole Similes

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Aurelia Jane Lee

Aurelia Jane Lee

Lorsqu'une personne souffre d'un trouble de la personnalité borderline, de schizophrénie, de bipolarité ou de TOC, cela a des répercussions pour son entourage. Sentiment d'impuissance, de culpabilité, difficultés à poser les limites… Pour aider les familles à faire face, l'asbl Similes organise des formations et des groupes de parole.

Sortir de l'isolement et du silence

"Le groupe de parole permet de rendre une place aux proches qui se sentent isolés, explique Yves De Craeye, animateur, que ce soit par rapport au personnel soignant qui communique parfois peu avec l'entourage du patient, ou au reste de la famille qui ne comprend pas toujours et peut se montrer jugeant." Le groupe de parole permet d'expliquer sa situation tout à fait librement et de rencontrer des personnes au vécu similaire. Les participants peuvent échanger entre eux les modes de fonctionnement qu'ils ont trouvés pour vivre au mieux avec leur proche.
Rejoindre un groupe de parole est une démarche difficile. Il y a la peur d'être jugé, ou de rencontrer des personnes que l'on connaît. Pour cette raison, certains choisissent de s'inscrire dans une autre région que la leur − un choix qu'Yves respecte et comprend, étant lui-même parent d'un "usager", (terme désignant les patients dans le réseau de la santé mentale). "J'ai été dans ce cas-là en tant que proche. Le sentiment de culpabilité fait que l'on redoute le jugement. Mais les participants au groupe de parole se rendent vite compte que l'on ne se situe pas du tout dans ce genre de considérations."

Une confiance qui se gagne progressivement

Quand elles rejoignent le groupe, souvent, les personnes commencent par se taire. "On leur dit qu'elles ne sont pas obligées de parler, elles peuvent juste écouter les autres", poursuit Yves. D'autres toutefois se montrent bavards dès la première séance. Dans ce cas, l'animateur les laisse parler, en leur accordant un peu plus de temps qu'aux autres pour cette fois. Certains viennent avec des histoires très lourdes (leur proche a par exemple fait preuve de brutalité lors d'une crise), et le sentiment d'être complètement dépassés. "Parler de ces difficultés au sein d'un groupe de parole permet de diminuer ce sentiment d'impuissance. Mais cela peut parfois faire peur aux nouveaux venus, reconnaît Yves. D'un autre côté, il y a des participants qui s'en sortent mieux et leurs témoignages peuvent rassurer."

Les groupes de parole, en plus d'offrir un lieu d'expression et d'écoute, permettent de chercher ensemble des solutions.

Au fil des réunions, petit à petit, la confiance s'installe et chacun parvient à prendre la parole aisément pour livrer son propre vécu. "Les nouveaux peuvent alors voir que d'autres personnes, dans une situation similaire à la leur, franchissent des étapes vers un mieux…" Certains, en racontant leur expérience ou en entendant celle d'autrui, prennent soudain la mesure des difficultés auxquelles ils font face. Ou bien ils réalisent qu'ils font déjà beaucoup, en dépit de leur sentiment d'impuissance.

Trouver la juste place dans la relation

Les personnes souffrant de troubles psychiques vont souvent exprimer des reproches à leur entourage et à leurs parents. Yves constate que cela se cristallise généralement sur la mère, considérée comme responsable du fait d'avoir donné la vie. Il importe alors de redéfinir des limites afin que les parents n'endossent pas une telle culpabilité.
Une autre difficulté souvent éprouvée par les proches est de ne pas savoir quoi faire pour aider la personne malade. "Généralement, les parents se sentent tenus de faire un maximum pour soulager leur enfant. Cela amène des tensions dans la relation, explique Yves. Les liens se rétablissent une fois que l'on n'est plus dans le reproche, mais plutôt dans l'accompagnement. Le parent doit avoir sa propre vie et sa propre personnalité. Il doit comprendre que la maladie appartient à celui qui est malade." Les groupes de parole, ainsi que les formations pour les proches, aident à retrouver cette juste place par rapport à la maladie.
La guérison n'existe pas, mais il est possible d'aménager les choses pour améliorer la relation avec l'usager, assure Yves. La clé est de se positionner au mieux vis-à-vis de la personne malade. Les groupes de parole, en plus d'offrir un lieu d'expression et d'écoute, permettent de chercher ensemble des solutions. "Cela peut prendre un peu de temps avant que l'on se sente bien dans le groupe. Mais parfois, des amitiés se créent ! Et certaines personnes s'engagent, comme moi…"

Plus d'infos sur similes.brussels (pour la Région bruxelloise) ou sur associationsimiles.org (pour la Région wallonne)