Vie sexuelle et affective

Le Sida n'est plus (tout-à-fait) ce qu'il était

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© D. Cortier BELPRESS
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Philippe Lamotte

Philippe Lamotte

La dernière journée mondiale de lutte contre le Sida, le 1er décembre dernier, a soufflé le chaud et le froid sur cette maladie virale potentiellement mortelle. Notamment sur la façon dont elle se contracte, se gère et se traite médicalement dans notre pays. L'évolution très positive est que 97% des personnes dépistées aujourd'hui dans notre pays ont une charge virale (càd la quantité de virus dans le sang) indétectable grâce à leur traitement et à leur suivi médical. Or qui dit "indétectable" dit aussi "intransmissible". Cette équation n'est pas seulement primordiale en termes de prévention, elle l'est aussi en termes de lutte contre la discrimination (1). En effet , les personnes porteuses du VIH dans de telles conditions médicales savent qu'elles ne font plus courir de risques à autrui. Soit un énorme soulagement et la perspective de pouvoir nourrir à nouveaux des projets de vie, de couple et d'enfantement.

Encore faut-il être détecté ! Et, ensuite, être suivi sur le plan médical ! C'est là que le bât blesse. En 2017, 36% des nouvelles infections en Belgique (890 personnes au total, soit 2,4 cas par jour dans notre pays) ont été détectées tardivement . Ces diagnostics tardifs sont sensiblement plus fréquents chez les hétérosexuels que chez les homosexuels. Selon Sciensano, le service public fédéral de recherche scientifique, plus de 2.000 personnes en Belgique n'ont pas été diagnostiquées et ne se savent donc pas porteuses de l'infection. Ce sont elles, majoritairement, qui infectent d'autres personnes sans le savoir. C'est la raison pour laquelle la Plateforme Prévention Sida tape sur le clou : la sensibilisation à l'usage du préservatif n'est pas tout, il faut aussi promouvoir tous azimuts l'accès au dépistage. Le dépistage démédicalisé et décentralisé, tel qu'il existe légalement depuis septembre 2018, va dans le bon sens car il est réalisé par les associations de terrain proches des publics cibles.

Autre avancée mi-figue, mi-raisin, rappelée par la Fondation Roi Baudouin : l'existence d'un médicament préventif qui protège contre l'infection au VIH. Remboursé en Belgique depuis près d'un an, le PrEP (pour "prophylaxie préexposition") ne résout pourtant pas tout. Il doit être pris hyper régulièrement et ne protège pas contre d'autres maladies sexuellement transmissibles. Des recherches sont d'ailleurs en cours pour optimaliser, grâce à une application mobile, la prise de PrEP chez les hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes.


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