Médicaments

Des plantes pas toujours bénéfiques

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De nombreuses plantes ont des interactions avec des médicaments, raison pour laquelle il est essentiel d’informer son médecin de la prise de plantes.<br />
(CC) jamieanne www.flickr.com
De nombreuses plantes ont des interactions avec des médicaments, raison pour laquelle il est essentiel d’informer son médecin de la prise de plantes.
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MONGÉNÉRALISTE.BE

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Certains troubles d’intensité modérée sont parfois soulagés par des produits à base de plantes. On pense par exemple, à une insomnie occasionnelle (prise de médicaments à base de valériane), à une constipation ou un inconfort digestif (prise de son de blé, de psyllium, etc.). Mais on sous-estime généralement les risques liés aux traitements à l’aide de plantes.

Le Centre belge d’information pharmacothérapeutique (CBIP) – dont l'objectif est de fournir une information indépendante sur les médicaments et leur bon usage, NDLR) – relève que l'efficacité de la plupart des préparations à base de plantes n’a pas été prouvée. On suppose qu’elles sont inoffensives mais leur innocuité n’a pas été activement étudiée.

Le CBIP précise que "l’évaluation des plantes qui entrent en ligne de compte comme médicaments se penche sur leur qualité, innocuité et efficacité (...) Si les preuves cliniques dont on dispose sont insuffisantes ou inexistantes, on parle de 'traditional use' : les indications proposées se limitent alors aux symptômes que le patient peut traiter sans trop de risques ; il n’y a donc pas d’indications spécifiques (...) Ces médicaments à usage traditionnel ne répondent donc pas aux principes de la médecine basée sur les preuves (Evidence Based Medicine ou EBM)".

Plus spécifiquement, le CBIP signale que :

  • pour la valériane (Valeriana officinalis), il existe des preuves limitées d'un effet hypnotique. Les effets indésirables possibles sont des troubles gastro-intestinaux et un effet d’endormissement résiduel à doses élevées ;
  • pour le millepertuis (Hypericum perforatum), utilisé dans les formes de dépression légères à modérément sévères, les données concernant son efficacité sont contradictoires. Son efficacité dans la dépression sévère n'est pas claire ;
  • pour l’harpagophytum, plante proposée sans beaucoup de preuves pour le traitement symptomatique des douleurs articulaires, quelques études ont montré une efficacité limitée sur la douleur dans l’arthrose mais on ne dispose pas de données comparatives avec le paracétamol ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens. Il s’agit d’un "usage traditionnel".

D’autres plantes ont un usage traditionnel, mais les données relatives à leur efficacité sont jugées insuffisantes (Passiflore, Crataegus, Ballota foetida, Rhodolia rosea…).

Naturel n'est pas anodin

Un article publié récemment dans la revue française Prescrire rappelle qu’il est important de respecter quel ques règles de prudence, car "naturel ne signifie pas toujours anodin". La revue souligne le risque de confusion lié au fait que des plantes aux caractéristiques différentes portent des noms proches : ainsi, le nom générique de verveine est attribué à plusieurs plantes (odorante, officinale, des Indes), dont les effets ne sont pas similaires.

Par ailleurs, la composition d’une même plante – et sa teneur en produits actifs ou toxiques – peut varier en fonction de facteurs comme le sol, le moment de la récolte, la conservation, le mode de préparation, etc.

Certaines plantes ont des effets indésirables graves. Ainsi, l’harpagophytum procumbens, parfois utilisé en cas de rhumatisme et de douleurs articulaires, peut provoquer des douleurs d’estomac et des saignements digestifs. L’actée à grappe, parfois utilisée pour atténuer des signes de la ménopause, a une toxicité hépatique.

De nombreuses plantes ont aussi des interactions avec des médicaments, raison pour laquelle il est essentiel d’informer son médecin de la prise de plantes. C’est particulièrement important en cas de traitement anticoagulant qui s'associe mal avec l'ail, le ginseng ou le millepertuis.

Pour citer un autre exemple, le millepertuis peut diminuer l’effet des pilules contraceptives et des traitements contre l’épilepsie.

Attention particulière

Des précautions sont plus particulièrement conseillées chez les personnes âgées et les enfants. Pour ces derniers, les produits contenant des huiles essentielles de pin, de menthol, d’eucalyptus, de thymol, etc. doivent être évités. Ils peuvent en effet provoquer des convulsions.

Les personnes allergiques peuvent aussi réagir à certaines plantes par de l’as thme ou de l’urticaire.

Quant aux femmes enceintes, elles devraient éviter la prise de plantes, ou demander un avis préalable à leur médecin.