Politiques de santé

Objectifs qualité et sécurité

3 min.
Joëlle Delvaux

Joëlle Delvaux

Depuis plus de quinze ans déjà, la Mutualité chrétienne (MC) initie et accompagne des projets inter-hospitaliers visant à améliorer la qualité des soins dans les hôpitaux. La prise en charge de la douleur, la gestion des transfusions sanguines ou encore la pose d’une prothèse de hanche font partie des problématiques abordées. “On associe plusieurs établissements hospitaliers dans des initiatives de qualité communes. Les projets reposent d'abord sur l'expérience et les bonnes pratiques des hôpitaux. L’apport de la MC concerne des données statistiques ainsi que des relevés de la littérature scientifique dans l’optique de promouvoir une médecine davantage basée sur des preuves scientifiques”, explique Xavier De Bethune, coordinateur des initiatives de qualité à la MC.

Depuis 2007, la promotion de la qualité et de la sécurité hospitalière fait aussi partie des priorités du Service public fédéral (SPF) Santé publique. Petit incitant financier à l’appui, les établissements hospitaliers sont invités à conclure avec le SPF un contrat pluriannuel par lequel ils s’engagent à notifier les erreurs et incidents, à analyser les indicateurs et à mettre en place des mesures et processus de nature à réduire les risques au minimum. Nous n’entrerons pas ici dans les détails. Toujours est-il que pratiquement tous les hôpitaux se sont inscrits dans un deuxième plan quinquennal. Parmi les thématiques abordées : la sécurité des médicaments.

Réduire les événements indésirables

En Suisse, dans le canton de Vaud plus précisément, une expérience très intéressante a montré qu’il est possible d’améliorer de manière significative la gestion des médicaments dans les hôpitaux et de réduire fortement les événements indésirables tels que des surdosages ou des médicaments donnés par erreur à un patient, précise Xavier De Bethune. Des enseignements très utiles pour nos hôpitaux peuvent être retirés de cette expérience”, ajoute-t-il. L’initiateur et l’accompagnateur de ce projet, Anthony Staines, expert en qualité, est venu récemment à Bruxelles, à l’invitation de la MC. Objectif : témoigner de son expérience auprès de coordinateurs qualité et de pharmaciens d’institutions hospitalières de Wallonie et de Bruxelles.

Dix hôpitaux appartenant à la fédération des hôpitaux vaudois ont décidé de s’inscrire ensemble dans une démarche structurée pour améliorer certains aspects de leurs pratiques professionnelles dans une optique de sécurité”, explique Anthony Staines. Le thème des événements indésirables liés aux médicaments a été retenu par les professionnels de la santé. Trois domaines d’action ont été ciblés : l’identification du patient (pour être certain que le bon médicament soit donné à la bonne personne), la gestion des médicaments à hauts risques (pour éviter les accidents) et la préparation des médicaments (pour éviter les erreurs). Un objectif chiffré a été établi : réduire de 20% les événements indésirables liés à une utilisation erronée ou à un mauvais usage des médicaments délivrés aux patients hospitalisés.

Echanges d’expériences

Chaque hôpital a trouvé au sein du collectif de travail les idées de pratiques ou d’organisation à changer en se basant à la fois sur l’évidence scientifique, les consensus d’experts et l’échange d’expériences au sein du groupe, analyse Anthony Staines. Chaque équipe déléguée a retenu un portefeuille unique de changements à mettre progressivement en œuvre au sein de son hôpital (unité de soins par unité) et a pu expérimenter les défis liés à ce type de projet. On est inflexible sur les objectifs à atteindre mais les modalités choisies peuvent être différentes”.

Ainsi par exemple, l’identification du patient par la pose d’un bracelet est recommandée dès son admission. Il est important, au sein de l’hôpital, d’uniformiser les modalités pratiques et procédures de contrôle de cette identité en cours d’hospitalisation. De la même manière, concernant les médicaments, toute la chaîne de responsabilités, qui part de la prescription par le médecin jusqu’à la délivrance du médicament au patient dans sa chambre, nécessite la prise de mesures concrètes pour réduire au minimum le risque d’erreurs.

L’objectif chiffré que nous avions déterminé au départ a largement été atteint dans les cinq hôpitaux qui ont poursuivi le processus au-delà des 18 mois initiaux que nous avions fixés pour insuffler de nouvelles pratiques. En trente mois, on est en effet passé de 17 à 7% d’événements indésirables, commente l’expert en qualité. Il est clair que changer les pratiques demande du temps, de l’investissement, de la rigueur et une vision à long terme. Ce sont là les principales leçons que nous tirons de cette expérience”.

JD