Droits des patients

Blessés graves, une question de minutes et... de coordination

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Les blessés sont parfois acheminés vers des hôpitaux qui ne sont pas idéalement équipés.<br />
© JL Flémal BELPRESS
Les blessés sont parfois acheminés vers des hôpitaux qui ne sont pas idéalement équipés.
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Philippe Lamotte

Philippe Lamotte

Bien, et même très bien. Mais… peut mieux faire. Le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE) s'est penché sur la prise en charge des blessés graves en Belgique, notamment à la suite des accidents de la circulation (un tiers des cas). Il constate que notre pays s'en sort honorablement en la matière. Les hôpitaux sont très bien équipés. Les services mobiles d'urgence et de réanimation (SMUR) disposent d'un haut degré de qualification. Le temps de transport des blessés est nettement plus court que celui qui est imposé par les objectifs internationaux.

Mais il y a des points faibles. En raison de l'obligation légale d'aller vers l'hôpital "le plus proche ou le plus adéquat", les blessés sont parfois acheminés vers des hôpitaux qui ne sont pas idéalement équipés. En 2015, par exemple, 3.500 victimes de traumatismes graves ont été transportées vers 145 établissements différents. C'est beaucoup trop, estime le KCE. "Il est impossible de maintenir des équipes ayant les compétences requises et disponibles en permanence dans autant d'hôpitaux", constate-t-il. Surtout, le système belge pèche par manque de coordination entre tous les acteurs de la chaîne d'urgence.

Or, cette coordination est précisément l'essence des "systèmes intégrés de traumatologie" qui fleurissent un peu partout à l'étranger, et que le KCE a étudiés. L'accent y est mis sur la chaîne (équipes mobiles d'urgence, services hospitaliers et relations entre hôpitaux) plus que sur la pratique isolée des hôpitaux.

Fort de ses observations, le KCE propose de profiter de la réforme en cours du paysage hospitalier belge pour créer un véritable système intégré de traumatologie. Celui-ci pourrait reposer sur 4 à 7 "Major Trauma Centre" (MTC) ou centre majeurs de traumatologie. Les critères à prendre en compte pour définir ceux-ci seraient le temps de trajet, les spécificités locales (par exemple le manque de voies rapides), la population couverte, la disponibilité des équipes, etc.

L'enjeu de ces améliorations ? Gagner encore quelques minutes dans ces moments cruciaux. Mais aussi tenir compte, dès le stade de l'accident, de l'étape qui suit le sauvetage des vies : permettre aux blessés de survivre avec le moins de handicaps possibles, en étendant le système intégré aux centres de réadaptation.

Pour en savoir plus ...

>> Rapport complet sur www.kce.fgov.be • 02/287.33.88.