Vous avez dit chômeurs profiteurs ?

"Seul, tu es une cible… pour les préjugés. Ensemble, nous sommes une force… contre les préjugés". Cette maxime résume bien la démarche collective qui anime les Travailleurs sans emploi (TSE) de la CSC depuis le lancement, il y a plus d'un an, de leur campagne "Non à l’emploi… des préjugés". Des formations et séances d'information a émergé l'idée de rédiger des éléments utiles à la réflexion et à l'action collective pour combattre les préjugés et la discrimination qui en découlent. Rédigé en collaboration avec le philosophe Marc Maesschalck, ce "manuel citoyen" est effectivement une mine d'or.

"Faire la chasse aux préjugés est complexe, explique Pedro Rodriguez, responsable national des TSE à la CSC, car les chiffres et les argumentaires rationnels ne suffisent pas. Il faut aussi être attentif au malaise social qui s'exprime à travers ces préjugés, révélateur de tout un climat de crise, de peur et de perte de confiance". Si les préjugés sont efficaces, c’est effectivement parce qu’ils sont présentés comme des évidences. Ils s’appuient sur l'idée que l'autre est plus chanceux ou mieux loti que soi. En stigmatisant des groupes sociaux, les préjugés offrent des réponses simplistes permettant de se débarrasser de certaines personnes en espérant avoir soi-même une meilleure place au soleil.

En quatre étapes, le manuel s'attaque aux préjugés anti-chômeurs. La première évoque la situation sociale et économique, la baisse du pouvoir d’achat, la galère que vivent de nombreuses personnes. Puis il s'agit de réveiller le bon sens de chacun en adoptant le point de vue des chômeurs. C'est par ce biais qu’il est ensuite possible d'identifier quels intérêts les préjugés défendent.

Une fois mis en évidence le terreau extrémiste et ses solutions dangereuses, il s'agit enfin d'élaborer des contrepropositions qui promeuvent un projet social juste pour tous. "Ce n'est pas parce que la société se sera vengée sur les plus faibles que des solutions seront trouvées pour mieux vivre ensemble. C'est au chômage massif qu'il faut s'attaquer, pas aux chômeurs", résument les TSE.