Coronavirus

Une Coalition Corona pour une puissance publique à nouveau forte

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Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC (C)Blegaimages
Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC (C)Blegaimages
Philippe Lamotte

Philippe Lamotte

La crise sanitaire liée au Covid-19 a révélé la fragilité des sociétés humaines face à un agent perturbateur inconnu. Un peu partout, avec des succès divers, les États ont joué aux pompiers pour colmater les brèches et tenter de sauver les vies humaines autant que les économies fragilisées. C’est dans ce contexte qu’une coalition d’organisations mutuellistes, syndicales, environnementales et sociales vient de se créer en Belgique, désireuse de promouvoir le rôle de l’État dans la gestion de "l’après Corona". Elle craint en effet que des nouvelles cures d’austérité soient exigées par les forces néolibérales après quatre années de mondialisation, de dérégulation effrénée et de pressions diverses sur les services publics.
Outre les syndicats et les mutualités (parmi lesquelles la MC), on y trouve les acteurs de la finance solidaire (Financité, Fairfin), les grandes fédérations environnementales, les associations de lutte contre la pauvreté, le Centre national de coopération au développement (CNCD-11.11.11), le Mouvement ouvrier chrétien, etc.
Pour tous ceux-ci, la crise du Covid-19 n’a fait qu’exacerber des vulnérabilités et des déséquilibres économi ques, sociaux et environnementaux déjà à l’oeuvre avant l’épidémie. Il importe que les États ne se contentent pas de limiter la casse en urgence, mais s’accordent pour dégager des marges de manoeuvre plus larges pour protéger leurs citoyens et définir des règles du jeu plus justes, bénéficiaires à la collectivité dans son ensemble.
Simple compilation réactualisée de revendications antérieures ? Pas vraiment puisque cette Coalition Corona greffe une série de propositions concrètes sur le Green Deal de la Commission européenne. Parmi celles-ci, la mutualisation des dettes des États-membres de l’Union européenne, la création de nouvelles obligations environnementales émises par la Banque européenne d’investissement, la mise sur pied de comptes d’épargne spécifiquement dédiés au financement de la transition sociale et environnementale, etc. Bref, une série de solutions inédites.
Pour bien souligner qu’il ne s’agit pas de pures incantations, la récente coalition propose une première note relative aux conditions que devraient respecter les entreprises secourues par les aides d’État : maintien de l’emploi et des cotisations sociales, interdiction de verser des dividendes aux actionnaires, élaboration d’un plan de neutralité carbone, etc. Elle envisage aussi d’occuper la rue fin juin...

Une coalition d’organisations vient de se créer en Belgique, désireuse de promouvoir le rôle de l’État dans la gestion de "l’après Corona".

Marie-Hélène Ska : "Ces 30, 40 dernières années, l’Etat a été lourdement mis de côté. Il fallait, nous disait-on, légiférer le moins possible, laisser le plus de place possible au marché, dégraisser… Nous mesurons aujourd’hui à quel point c’était une erreur. Il faut rendre à l’Etat ses lettres de noblesses".