Soignez-vous chez vous

Derrière "l'article 9 ter" se dessine la procédure d'autorisation de séjour pour raisons médicales des étrangers gravement malades qui se trouvent en Belgique et qui n'ont pas accès aux soins dans leur pays d'origine. En Belgique, de moins en moins d'entre eux sont régularisés et une majorité sont renvoyés chez eux, quitte à y mourir, avec dans leurs bagages leur maladie et pas de traitement.

Au Nord et au Sud de la Belgique, des avocats, des médecins, des ONG… dénoncent ces pratiques abusives et le surréalisme de la situation. Ils couchent leurs inquiétudes dans un "Livre blanc" sur cette situation accablante : "formalisme excessif par l'Office des étrangers dans l'examen des conditions de recevabilité", "appréciation trop stricte de la 'gravité' de la maladie", "motivation insuffisante des décisions de refus", "analyse de la disponibilité générale des soins et non de leur accessibilité effective dans le pays d'origine"…

"Être migrant et malade est une double fragilité, commente Alexis Deswaef, président de la Ligue des droits de l'Homme. Elle se situe au croisement du juridique et du médical. Ce livre blanc dénonce l'hypocrisie qui consiste à régulariser le moins possible et à renvoyer ces personnes à la mort."

Céline Verbrouck, avocate et présidente de la Commission "étrangers" de "la Ligue" va plus loin : "La déontologie médicale est violée car les médecins de l'Office des étrangers sont des alibis. Ils ne voient pas les patients, ne se posent pas la question de la continuité des soins, refusent tout contact avec les médecins traitants des demandeurs d'asile."

Des médecins étaient également présents dans les locaux de Médecins du Monde pour découvrir l'ouvrage. Comme Nathan Clumeck, professeur émérite, qui plaide pour un vrai débat : "On ne veut pas d'une société frileuse, bureaucratique, sans émotion. On veut une société humaine qui nous permet d'être en accord avec notre éthique de médecin". Le livre blanc est un plaidoyer en ce sens.