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Les ingrédients du bonheur des Belges

Les ingrédients du bonheur des Belges © M. Detiffe

Une récente enquête nationale sur le bonheur révèle qu'un Belge sur trois est très heureux. La santé serait déterminante pour ce bien-être. La recette serait donc simple : tout ce qui est bon pour la santé nous rendra plus heureux… Mais qu'est-ce qui est bon pour la santé ?


Les Belges sont-ils heureux ? Pourquoi les uns sont-ils plus heureux que les autres ? Quels sont les facteurs qui influencent le bonheur ? La richesse, le revenu, la santé ? Peut-on y changer quelque chose ?... Depuis plusieurs années, le Bureau du plan se penche sur les indicateurs de bien-être des Belges. Et, tout récemment, une compagnie d'assurances et l'Université de Gand se sont lancées dans une enquête avec cette perspective commune : mesurer le bonheur de nos compatriotes. On ne compte plus les recherches, analyses, essais qui fleurissent sur le thème mais une chose est sûre: toutes les innovations et les prouesses technologiques, la course au toujours plus, la compétition… ne semblent pas nous combler. Que manque-t-il ?

Comment mesurer, définir le bonheur ?

Pas simple de définir ni d'expliquer ce qui rend heureux ! Comment mesurer et concrétiser le concept du bonheur ? Pour y répondre, il s'agit d'abord, diront les scientifiques, de définir des indicateurs susceptibles de déterminer un niveau relatif de bien-être. Ainsi, le Bureau du plan a retenu cinq paramètres : la santé, le niveau de vie, le travail, la formation et la vie sociale et affective. L'organisme fédéral les agglomère ensuite en un seul indicateur du "bien-être". Autre possibilité : tout simplement poser la question du niveau de satisfaction dans la vie. "Dans l'ensemble, dans quelle mesure êtes-vous satisfait de votre vie ?". Chaque sondé est alors invité à répondre sur une échelle de zéro (pas du tout satisfait) à 10 (entièrement satisfait). Cet indicateur subjectif de bien-être est largement utilisé dans les études internationales. Son principal avantage : il permet des comparaisons.

Les Belges sont heureux, mais il y a de grandes disparités

Ainsi, en comparaison avec les autres Européens, les Belges manifestent un degré de satisfaction envers la vie supérieur à la moyenne. Mais, depuis 2008, année du déclenchement de la crise, l'indicateur du bien-être des Belges – sans différence entre Flamands, Wallons et Bruxellois – a diminué sensiblement. Globalement, les seniors se montrent les plus heureux. Ne nous y trompons cependant pas : derrière cette moyenne se cache une grande disparité. Certes, 35 % s'estiment très heureux, mais 25 % se sentent malheureux. Quand on analyse les principaux déterminants de ce ressenti, la santé apparaît comme une clé du bien-être. Par contre, le niveau de revenu a un impact limité ; sauf, et c'est évidemment essentiel, lorsque il n'est pas jugé suffisant pour atteindre un niveau de vie décent. Le fait d'avoir un travail ou de bénéficier d'un réseau social autour de soi exerce aussi une influence non négligeable. Mais, bonheur et santé semblent en partie étroitement corrélés.

La santé contribue sensiblement au bonheur, mais elle dépend de quoi ?

En 2016, l'espérance de vie en Belgique était de 83,8 ans pour les femmes et de 79 ans pour les hommes. Ces résultats nous classent honorablement au regard de nos voisins. De nouveau, derrière cette moyenne, il y a de grandes différences, des inégalités entre les régions, entre les communes, entre les catégories socio-économiques ou selon le niveau de formation des personnes, par exemple.

Plus remarquable encore : notre pays apparaît loin derrière certaines régions du globe. Des endroits nommés "zones bleues" par quelques observateurs font état d'une longévité exceptionnelle avec une proportion importante de centenaires. Leur localisation peut surprendre : Sardaigne (Italie), Okaniwa (Japon), Nicoya (Costa Rica), Loma Linda (États-Unis), Icarie (Grèce). Sur ces territoires, les habitants vivent plus longtemps en bonne santé. D'après les analyses, ils semblent partager des caractéristiques communes : ils pratiquent une activité physique modérée et quotidienne, ont une alimentation semi-végétarienne locale, sans excès calorique et avec une consommation modérée d'alcool. Ils trouvent du sens à la vie, ont une vie sociale et familiale riche. Il n'est pas question ici d'argent, de pouvoir d'achat ou de structures médicales sophistiquées pour expliquer cette longévité exceptionnelle.

Style de vie, intégration sociale, alimentation saine, valeurs altruistes, sens de la vie… Voilà ce qui caractérise les centenaires. Cela n'est pas sans similitudes avec les facteurs de bonheur ou les indicateurs de bien-être mis en évidence dans les études menées sur ces thématiques. Les conclusions à en tirer pour nos choix de société en deviennent évidents. L'investissement dans l'aménagement du territoire, les transports en public, la mobilité douce, l’agriculture locale, les services collectifs, la cohésion sociale… est donc non seulement bon pour la santé, mais aussi pour le bonheur ! Investir dans les déterminants sociaux de la santé accroîtra sans aucun doute le bonheur de tous les Belges.