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Et maintenant... ?

Et maintenant... ? (c)M. Detiffe

En janvier déjà nous trouvions le temps long… Deux mois plus tard, l’urgence frappe à nos portes. Le pays reste sans gouvernement et la situation devient toujours plus critique, plus inextricable…


Que pouvons-nous faire ? Quelle sera la meilleure solution ? Comment en sortir ? L’impasse dans laquelle s’enfonce la Belgique est particulière et plus que probablement unique en son genre. Cela va faire 270 jours que nous avons voté, et les femmes et les hommes politiques qui composent aujourd’hui nos partis sont en panne de solutions pour gouverner ce pays, petit mais ô combien complexe. Notre démocratie est-elle arrivée au bout de son mode de fonctionnement ? Comment faire en sorte qu'au départ des choix que nous faisons dans les urnes, nos politiciens soient capables de gouverner ?

Belgique recherche démocratie efficace et transparente

Les élections sont un moment essentiel dans la vie d’un État. Aujourd’hui, ces droits acquis nous font trop souvent oublier les nombreux combats qui ont mené au droit de vote pour tout un chacun !
Notre modèle d’élections est-il idéal ? Sans doute pas. Notre "particratie" est-elle sans faille ? Probablement pas. Faut-il alors se redonner le temps de renouveler notre démocratie ? Certainement… mais pour ce faire, il faut un gouvernement fédéral ! Même si, soulignons-le, certaines entités ont déjà entamé des réformes intéressantes ou mis en place des projets pilotes, comme le panel citoyen à Bruxelles.
"De toute façon, cela ne changera rien", entend-t-on trop souvent grogner l’opinion publique. Effectivement, si le vote sert à montrer un mécontentement, si le vote sert à s’opposer, si chacun continue à voter comme toujours, alors oui, cela ne changera rien. Malgré les imperfections et l’essoufflement du système actuel, chacun garde pour l’instant un vote et une voix à faire entendre et à utiliser du mieux possible.
Alors, quoi qu’il se passe dans ce pays, que nous allions voter ou que le monde politique se ressaisisse, ne laissons pas nous échapper la chose publique et les débats de société.

Belgique recherche hommes ou femmes d’État… mais pas seulement !

Ces derniers temps, les négociations ont davantage tourné autour des questions de personnes, de partis (et donc de coalitions) que de projets. Les changements de présidence réalisés par plusieurs partis francophones et néerlandophones contribuent sans doute à créer un climat d’instabilité et renforcent le manque de confiance dans ces négociations difficiles. Les partis ont des approches divergentes et s’adressent uniquement à une fraction des Belges, alors qu’il s’agit de composer un gouvernement fédéral. Ce qui transparaît de ces discussions sans fin, c'est que l’emballage semble plus important que le produit ; la forme plus que le fond ! Or, les exclusives et les indiscrétions sont rarement bonnes conseillères…

Belgique recherche vision de société et modèle gouvernable

Le modèle de la Belgique nécessite d’être repensé, tout le monde s’accorde à le dire. Cette longue période sans gouvernement traversée dans l’indifférence presque totale en est la preuve. Il ne s’agit pas là de symbolique : il s’agit d’en sortir. Il est plus qu’indispensable d’avoir une double approche.
Il faut d'abord rendre le pays plus efficient. Cela suppose d’identifier à quel niveau de pouvoir la gestion d’une compétence est la plus efficace. Et donc de reconnaitre qu’il y a eu des erreurs dans toutes ces réformes institutionnelles. La 6e réforme de l’État a en tous les cas eu le mérite de démontrer une fois de plus qu’une réforme ne se négocie pas confidentiellement, au bout de la nuit, par quelques hommes politiques. Une réforme de l’État doit se construire au départ d’une vision partagée avec les acteurs de terrain - dont fait partie la MC - impactés par les changements.
Il est également essentiel de développer un projet de société fort, doté d’une vision commune. Souhaitons-nous plus ou moins de Belgique ? Plus ou moins de solidarité ? Des gens en bonne ou en mauvaise santé ? Souhaitons-nous plus ou moins d’État ? Plus de contrôle ou de confiance ? Plus de répression ou de prévention ? Un pouvoir d’achat suffisant (salaires ou pensions) ou un écart salarial qui se creuse entre les bas salaires et les autres revenus ? Une société patriarcale ou égalitaire sur le plan du genre ? De l’exclusion ou de l’inclusion ? Voilà les questions que nous nous sommes posées en mai dernier et auxquelles doivent maintenant répondre nos représentants, en fonction des cartes que l’électeur leur a distribuées.

Les corps intermédiaires (syndicats, mutualités,…) sont des partenaires majeurs dans la construction des institutions qui seront amenées à gérer la Belgique de demain. Il est de notre responsabilité aussi à la MC de trouver une manière d’intéresser les citoyens, qu'ils soient membres ou non, à ces réalités et à ces changements.