Retour à Éditos

Confinés mais solidaires

Confinés mais solidaires

Face à la pandémie, nous devons nous serrer les coudes. Aujourd’hui, pour subvenir aux besoins primaires de chacun. Demain, pour relancer l’économie du pays. Ce sont nos défis et chacun de nous y avons et y aurons une responsabilité.


ll n'a ni corps ni visage. Il est invisible à l'œil nu. Pourtant, il se propage et fait trembler la planète. Indomptable pour le moment, le coronavirus nous oblige à modifier nos comportements, à restreindre nos libertés et échauffe nos esprits comme la mauvaise fièvre qu’il provoque.

Pandémie. Le mot est lâché, le ton donné. Covid-19. Cinq lettres et deux chiffres qui nous renvoient aux paradoxes du microscopique et du gigantesque. Oui, ce virus qui ne mesure que quelques nanomètres a fait fondre en un temps record nos systèmes organisés et nos convictions que nous pensions immuables. Les avions ont arrêté de se bousculer au-dessus de nos têtes. L’économie tourne au ralenti. Cette crise qui se cumule à d’autres (climat, biodiversité, migration…) et qui nous oblige à décélérer contre notre gré nous poussera-t-elle à repenser la course effrénée entre autres de la mondialisation ? En tirerons-nous les enseignements nécessaires pour renforcer la résilience de nos systèmes de santé ? Petit virus, grandes questions !

Mais tenter une réponse serait prématuré au vu des urgences sur la table.

Grands enjeux, petits gestes ! Avant la maladie, il y a la prévention et l’éducation à la santé. La situation inédite et exceptionnelle que nous vivons nous rappelle tout le sens de l’hygiène et la prévention. Se laver les mains soigneusement, jeter ses mouchoirs usagés, tousser dans le creux de son coude… Cela parait bien désuet, mais ça peut être vital. Les préceptes inculqués aux enfants dès le plus jeune âge doivent devenir viraux dans le bon sens du terme.

Un effort collectif

Ce vendredi 13, la Belgique s’est réveillée avec la gueule de bois. Scènes surréalistes de supermarchés vidés par des clients pris d’une panique inutile, rideau baissé sur la culture, cours mis entre parenthèses. Jamais nous n’aurions cru…

Comme pour conjurer le mauvais sort, nous avons parfois été tentés de faire comme hier. S’embrasser, déposer les enfants à l’école, prendre le café avec les collègues... autant de gestes banals prenant tout à coup une saveur inédite. Mais respecter les règles et les consignes, ce n’est pas se soumettre. Au contraire, c’est lutter pour que la vie reprenne son cours au plus vite. L’heure n’est pas à faire des “corona party” dans des bars clandestins. Bien sûr, c’est sympa de se sentir plus fort et plus armé que son voisin et de refuser la sinistrose. Mais il n’y a rien de sinistre à considérer que, pour sortir de la crise que nous traversons, nous devons faire confiance aux avis des scientifiques et aux directives des décideurs politiques pour éviter les comportements individuels à la source de la propagation de la maladie.

Se confiner, c’est penser collectif. Cette pandémie aime les paradoxes. Tenir ses distances, éviter les contacts ne doivent pas faire disparaître la bienveillance, les attitudes d’accueil, de partage simple et d’échanges. La solitude et le repli ne feraient que causer des dégâts complémentaires. Limitons les contacts mais faisons fonctionner les moyens de communication qui sont à notre disposition pour éviter que ceux qui sont seuls ne se retrouvent encore plus isolés.

Inégaux face à la maladie

La maladie fait peur car elle véhicule souffrance, douleur, limitation de notre activité, échéance. Ce qui apparait maintenant aux yeux de tous est le quotidien pour certains, avant et après la pandémie. La maladie fait partie de nos vies. Par ailleurs, les experts médicaux et les chercheurs l’affirment. Les statistiques le confirment. Ce sont nos seniors et les personnes fragilisées par la vie qui courent le plus de risques. La nécessité de défendre l’accessibilité aux soins pour tous, financière et géographique, est une fois de plus mise en évidence. Les plus fragiles doivent aujourd’hui encore plus qu’hier faire l’objet d’une attention particulière, organisée et spontanée.

Enfin, on l’oublie ou a minima on le trouve normal, derrière chaque hôpital, chaque structure de soins ou cabinet médical se trouvent un médecin généraliste, une infirmière, un pneumologue, une équipe sanitaire. Notre système de soins n’est sans doute pas parfait mais nous donne des vraies garanties d’accessibilité et de qualité, reposant sur des professionnels compétents et soucieux du bien-être individuel. À nous aussi de la jouer collectif avec eux, en veillant à ne pas mettre des pressions supplémentaires sur leurs épaules déjà bien chargées. Attaquer une pandémie, chacun dans son coin n’a pas de sens. Nos dirigeants nationaux aussi le démontrent en s’alignant. Les mesures sont globales et sans frontières régionales ou communautaires. Plus que jamais, rejeter les replis identitaires qui fustigent les autres est aujourd’hui une mesure sanitaire.