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Bonne santé !

Bonne santé ! © M. Detiffe

En se souhaitant la bonne année, il est de coutume d’y ajouter "bonne santé". La formule tient souvent du réflexe. Elle résonne aussi avec une forme de "bonne chance". Mais la santé est-elle une question de bonne ou de mauvaise fortune ? Est-elle réservée aux heureux chanceux ?


Si on regarde la santé de plus près, on s'aperçoit que plusieurs dimensions sont en jeu. Des observateurs attentifs en identifient six. Ils étendent plus encore la notion de santé couramment admise par l'OMS comme "un état complet de bien-être physique, mental et social". Ces six dimensions inscrivent également la santé dans un cheminement, une démarche davantage que dans un état à atteindre. Ainsi, chacun – quelle que soit sa situation – jeune ou aîné, malade ou bien portant, riche ou pauvre, porteur ou non d'un handicap, peut progresser vers une meilleure santé à la faveur de l'une ou l'autre de ces dimensions. De même, collectivement, nous devons veiller à ce que ces différentes ressources en santé puissent se développer.

La dimension physique

La dimension physique de la santé est celle qui vient le plus immédiatement à l'esprit. Elle est aussi la plus facilement mesurable. Par des traitements médicaux, on peut s'y attaquer : guérir de certaines affections, soigner certaines maladies, réduire la souffrance et la douleur. Collectivement, nous pouvons également agir et décider de rendre ces soins nécessaires pour la santé physique accessibles à tous. C’est un choix de solidarité et de régulation politique.

La dimension mentale

Se sentir bien dans sa peau, s’accepter, avoir un sentiment de maîtrise sur sa vie, ne pas tout voir en noir, pouvoir se concentrer, avoir la capacité de rebondir… Autant d'éléments qui participent du bien-être et de la santé. On sait notamment qu'un tiers des personnes en invalidité le sont pour des raisons psychiques. Par conséquent, investir par exemple dans l’aménagement des fins de carrière et dans l'amélioration des conditions de travail pour permettre de travailler plus longtemps, dans de bonnes conditions, avec envie, relève de la prévention santé. Il s'agit d'investir dans ce domaine.

Chacun – quelle que soit sa situation – jeune ou aîné, malade ou bien portant, riche ou pauvre, porteur ou non d'un handicap, peut progresser vers une meilleure santé…

La dimension de la vie sociale

Les contacts sociaux, le fait d'être impliqué dans son quartier, de pouvoir s'appuyer sur une famille, sur des amis… contribuent également à la santé. Ainsi, reconnaître et appuyer les aidants proches, c'est agir en santé. Il nous faut soutenir ceux qui accompagnent les malades chroniques et les personnes dépendantes, ceux qui tissent au quotidien les liens de notre société.

La dimension de la vie quotidienne

La vie quotidienne est plus agréable quand on peut se déplacer, gérer son temps et son budget, agir de manière autonome… Et ceci n'est pas qu'une question personnelle que seul l'individu peut influencer. Collectivement, il y a aussi des choses à faire pour améliorer cette dimension : faciliter l'accès à un logement décent pour tous, aménager le territoire de manière harmonieuse, favoriser la mobilité – en particulier la mobilité douce…

La dimension "qualité de la vie"

La "qualité de la vie" est composée de plusieurs facettes qui, ensemble, procurent le sentiment d'être heureux : se sentir en sécurité, pouvoir nouer les deux bouts, de vivre des moments festifs, de communion et d’émotion… On peut y contribuer notamment en développant des lieux où éclosent les rencontres, le partage et l'échange. Entre habitat et environnement de travail, les espaces publics comme les parcs, les places, les bibliothèques… constituent des lieux aussi essentiels à notre bonne santé.

La dimension du sens

La dernière dimension, moins souvent prise en compte mais qui complète l'ensemble, est celle du sens, du feu qui anime la flamme. Le sens se traduit en projets, en mobilisation pour des idéaux, en goût et en enthousiasme pour la vie, en amour, en confiance pour l’avenir, en envie d'apprendre...

Faire sens aujourd'hui, c'est construire une société orientée non vers la croissance et la richesse matérielle inégalitaire, mais vers l'harmonie avec les capacités de la nature, vers la solidarité, et l'équité. C'est offrir ainsi un avenir durable à tous et aux générations futures.

Ces six dimensions forment une vision de la santé positive. Elles constituent les six branches d'une étoile, que nous pouvons faire rayonner chacun en fonction de nos talents, de nos compétences, et aussi de manière collective. Elles permettent d'envisager la santé comme un potentiel, une ressource pour vivre mieux. Développons-les. Bonne année et bonne santé positive !