Editos

Garantir l’accès aux soins de santé  

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(c)AdobeStock
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Elisabeth Degryse //Vice-présidente de la MC

Elisabeth Degryse //Vice-présidente de la MC

Les crises se suivent et malheureusement se ressemblent, dans ce qu’elles ont de terrible pour les populations, les acteurs sociaux, économiques, environnementaux et de la santé. Les décisions prises lors du récent conclave budgétaire du gouvernement fédéral pour 2023-2024 en sont encore une illustration.

L’inflation n’épargne personne. Le secteur des soins de santé n’échappe pas à cette pression. La sécurité sociale doit plus que jamais jouer son rôle d’assurance sociale collective, de filet protecteur. Il est de notre responsabilité d’améliorer l’accessibilité financière des soins de santé. Trop de patients aujourd'hui doivent renoncer à se soigner par manque d’argent.

La gestion paritaire, garantie de solidarité

C’est dans ce contexte que se sont tenues, entre autre avec les prestataires, les discussions préparatoires au comité de l’assurance et au Conseil général de l’Inami (1) autour du budget de l’assurance soins de santé pour 2023 (2). L’enjeu est de déterminer les orientations, de définir et prioriser les nouveaux besoins et de s'accorder sur les moyens financiers à affecter. Cet exercice a été rendu possible grâce au monitoring des dépenses effectué par l’Inami ainsi qu'aux analyses réalisées par les mutualités qui connaissent les difficultés vécues par leurs affiliés et affiliées.

La norme de croissance de 2,5% du budget ayant été garantie en 2023, nous sommes en capacité à la fois de couvrir l’évolution des dépenses, mais aussi de valider de nouvelles mesures en matière de qualité et d’accessibilité des soins au bénéfice des patients et pour le mieux-être des prestataires. Preuve s’il en est que la gestion paritaire des soins de santé a encore de beaux jours devant elle...

Renforcer l’accessibilité aux soins de santé

Renforcer l’accessibilité des soins, particulièrement durant cette période de crise, reste la priorité absolue pour la MC et les autres mutualités. Il nous est donc apparu important de prendre des mesures pour renforcer la sécurité tarifaire, avec pour objectif de maintenir et relever le taux de conventionnement des prestataires de soins. Dans une logique sociale et solidaire, le système de conventionnement permet d'assurer à toute la population des soins de qualité. Cependant, dans certaines professions (kinés, logopèdes, dentistes) et spécialités médicales (ophtalmologie, dermatologie, gynécologie...) le taux de conventionnement diminue de façon critique. Il faut pouvoir soutenir les prestataires qui jouent le jeu et stimuler le conventionnement. À cet égard, une attention toute particulière a été apportée aux kinés. Nous avons aussi mieux pris en compte les réalités des sage-femmes ainsi que celles des infirmières à domicile salariées et conventionnées dont les coûts fixes augmentent. Nous avons réinvesti dans ces métiers pour maintenir l’offre et l’accessibilité des soins.Mais nous savons que les défis restent nombreux, notamment en logopédie. Cela fera partie sans nul doute de nos prochains chantiers.

Dans une logique sociale et solidaire, le système de conventionnement permet d'assurer à toute la population des soins de qualité

D'autres mesures sont également à saluer dans le cadre de cet exercice budgétaire. Nous avons renforcé les moyens pour diminuer le coût à charge des patients dans les transports inter-hospitaliers. Nous avons aussi augmenté des remboursements de manière ciblée et sous certaines conditions, par exemple pour les verres de lunettes, pour le traitement du diabète ou encore pour les soins bucco-dentaires. Enfin, nous avons décidé d'investir dans la création de centres intermédiaires de soins pour faciliter le retour à domicile après une hospitalisation. À côté des centres de revalidation, nous allons davantage soutenir les centres de convalescence en partenariat, nous l’espérons, avec toutes les Régions du pays.

S’inscrire dans le long terme

Nous faisons le pari que les choix opérés iront dans le bon sens. Mais nous sommes conscients aussi que ces mesures restent insuffisantes. Il est essentiel de garantir aux patients de pouvoir bénéficier d’une sécurité tarifaire dans toutes les disciplines médicales. Il n’est pas normal de ne plus trouver de prestataires conventionnés dans certaines régions ! La problématique toujours grandissante de la pénurie dans les secteurs médical, paramédical et infirmier doit également être mise au centre des réflexions.

Par ailleurs, les soins de santé et la santé publique doivent s’inscrire dans une vision à long terme, qui tient compte du défi climatique et de ses impacts sur la santé. Les crises successives abîment la santé mentale et plongent une part croissante de la population dans la précarité.

Constater que des gens doivent choisir entre se chauffer, se nourrir et se soigner, nous est insupportable. Nous resterons vigilants à ce que le budget 2024 des soins de santé garantisse l’accès à des soins abordables. Les politiques de santé sont un investissement pour notre société et non une variable d’ajustement !


(1) Le conseil général de l’Inami rassemble les re-présentants des employeurs, des travailleurs etdes organismes assureurs et du gouver nement. Les représentants des prestataires de soins n’y ontqu’une voix consultative.

(2) Le budget de l’assurance soins de santé s’élè-vera à 40 milliards d’euros en 2023, dont 35,285 milliards pour le remboursement des soins. Celareprésente une augmentation de 3,159 milliardsd’euros par rapport à 2022.