Expositions

Vésale, médecin de Charles Quint

2 min.
Estelle Toscanucci

Estelle Toscanucci

Pour atteindre le monde des humeurs, des saignées et de la trépanation, il nous faut plonger dans les entrailles du Musée, remarquable site archéologique qui prépare à merveille l'imminent voyage dans l'histoire de la médecine. L'exposition commence par une remise en contexte. À la Renaissance, on s'intéresse à nouveau au savoir des Anciens. La perception des maladies se fait à travers la théorie des biles et des humeurs… Tant de fluides qu'il faut rééquilibrer si l'on veut être en bonne santé.

Théorie, alchimie, astrologie

Après une petite parenthèse par la médecine orientale via des peintures et sculptures anciennes et modernes, nous voici dans l'univers d'André Vésale, celui des ventouses et des sangsues, des mires d'urine, des kits de trépanations et des chirurgiens-barbiers qui se rendaient auprès des malades pour les manipuler et tenter de les soigner. Ceux-ci n'avaient pour seul savoir que leur expérience. Des dessins et des peintures nous montrent leurs pratiques. Un coup d'œil sur un bel alambic et quelques moulages médicaux en cire qui servaient à l'enseignement, et on apprend que l'astrologie faisait partie intégrante de la médecine empirique. Chaque signe du zodiaque correspond à une partie du corps, le bélier est la tête, les gémeaux sont les poumons et les pieds vont aux poissons. On s'intéresse beaucoup aux plantes, et surtout à celles qui viennent du Nouveau Monde des Amériques. C'est l'époque où le tabac a des vertus, et le pavot est déjà apprécié pour sa capacité à atténuer la douleur. L'imprimerie a fait son apparition, et le savoir se diffuse plus aisément.

© Musée de la médecine

Les multiples maux de Charles Quint

Charles Quint est né en 1500. Il a abdiqué en 1555 et est mort en 1558. La principale raison de cette abdication ? De multiples problèmes de santé, qui l'obligeaient, en fin de vie, à faire le moindre petit déplacement à dos d'âne, tant son corps n'était plus que douleurs. André Vésale fut son médecin. Il a inventé des remèdes qui ont, pendant des années, soulagé la malaria, la goutte, la petite vérole, le prognathisme et les démangeaisons qui gâchaient le quotidien du souverain. L'exposition nous éclaire sur les traitements imaginés par Vésale pour soulager tous ces maux. Vésale, dont la réputation était déjà bien assise à son époque, a beaucoup voyagé pour soigner les Grands de son monde. On en revient à Charles Quint et à ses derniers moments. Dans une tente ornée de sa pompe funèbre, on découvre un hologramme de la momie du Roi qui permet de pointer toutes les parties de son corps meurtries par les différentes pathologies. L'exposition se termine par l'exploration de traités d'anatomie, recueils des découvertes issues des différentes dissections effectuées par Vésale. Le médecin bruxellois a incontestablement changé le visage de la médecine. L'exposition qui lui est consacrée ne laisse aucun doute là-dessus. Ludique, riche et très accessible, elle nous éclaire sur l'évolution des connaissances médicales et nous fait découvrir, ou redécouvrir, l'importance de ce haut personnage que fut André Vésale. À sa naissance, notre pays en a d'ailleurs fait un marqueur de l'identité belge, comme le montre cette illustration de chocolat à son effigie.