Expositions

Quand la tête, l'œil et le cœur s'alignent

2 min.
Catherine Daloze

Catherine Daloze

C'est au Musée juif de Bruxelles, dans l'espace arrière dédicacé aux expositions temporaires que l'on découvre plus d'une centaine de clichés du photographe français. Tout en sobriété. Au préalable, le visiteur sera passé par le portail du Musée. Ce qui aujourd'hui ne manque pas de ramener à la mémoire les assassinats du 24 mai 2014. Le lieu est gardé et marqué par des mesures importantes de sécurité, que l'on comprend aisément. L'exposition de ce grand nom de la photographie est une manière pour le Musée de rebondir après cette récente tragédie et de symboliser l'esprit d'ouverture qui l'anime. Ce n'est pas la judaïté qui relie l'artiste au Musée mais son profond humanisme.

Histoires et éternité

Dans les photographies d'Henri Cartier- Bresson, on savoure l'équilibre des volumes, le choix des formes, les lignes invisibles qui sous-tendent chaque image. Sans pour autant être empreinte de froideur ou de rigidité. Bien au contraire : on découvre dans chaque cadre un "regard" engagé, celui de "l'œil du siècle", com me d'aucuns le qualifient. Le photographe aligne tête, œil et cœur pour appuyer sur le déclencheur et figer l'instant qui l'a ébloui. En ressortent une valeur documentaire des événements qu'il capte tout autant qu'une allure d'éternité. Voilà sans doute la raison pour laquelle ces photographies du siècle passé nous attirent encore et peuvent nous marquer pour longtemps. Comme ces portraits tout particulier de Matisse, Giacometti, Colette, Camus, Gandhi et nombre d'images d'anonymes avec des postures et des regards qui restent gravés, une fois vus.

L'homme a participé à la création de l'agence coopérative Magnum, aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale et réalisé de nombreux reportages aux quatre coins du monde. Une vingtaine d'années plus tard, il se démarque progressivement de l'agence "dont il critique amèrement l'esprit mercantile, éloigné des idéaux de sa création." Il réduit alors son activité de photoreporter et retrouvera le dessin, une passion d'enfance.

La voix du photographe

Une des salles de l'exposition se démarque, faisant office de salle de cinéma. Elle offre une manière de nouer avec le photographe un autre rapport d'intimité. Pendant une cinquantaine de minutes, on y écoute avec intérêt Henri Cartier-Bresson parler de son travail, de son parcours…, tandis que se succèdent à l'écran clichés et extraits de films.

Avant chantier

L'exposition forte de son succès est prolongée jusqu'au 6 septembre. Le Musée fermera alors provisoirement ses portes pour deux années de grands travaux de rénovation. La façade à front de rue sera maintenue, mais derrière l'ensemble sera démoli pour voir émerger un tout nouvel espace, fin 2017.

Pour en savoir plus ...

Henri Cartier-Bresson • jusqu’au 6 septembre, du mardi au dimanche de 10h à 17h • 10 EUR (7 EUR tarif réduit – 12 EUR avec l'expo permanente) • Musée juif de Belgique, rue des Minimes 21 à 1000 Bruxelles • Infos : www.new.mjb-jmb.org ou 02/512.19.63