Exposition - Avant le déluge

L'eau, la terre et l'impact de l'une sur l'autre. L'usure du temps et les cicatrices qu'il creuse plus profondes. Malgré la désuétude de certains lieux du littoral et les plaies taillées dans des paysages jadis idylliques, hommes et femmes poursuivent les activités traditionnellement menées sur les côtes. Les décors changent, évoluent, décrépissent. Mais la rouille et la déliquescence de ce qui reste immuable dans ces environnements ne semblent pas contrarier un bain de soleil, une baignade, un moment en famille.

Au premier abord, la joliesse des images n'indique rien du danger à venir. Pourtant l'ultimatum se manifeste dans chaque cliché. Une fois franchi le filtre esthétique, le visiteur identifiera ce que le déluge s'apprête à engloutir : ce qu'évoque l'image. Le "beau" n'est pas le sujet. "Pour moi, ça ne suffit pas, explique le photographe dans la vidéo connexe à l'exposition. C'est beau quand on regarde l'image, puis on découvre autre chose quand on s'y confronte. Le sujet arrive ensuite…"

Dans la série Before the flood, pas de tempête, pas de vagues houleuses. Les tensions se trouvent plutôt dans l'apparente quiétude qui se dégage d'une vingtaine de grands tirages. Dernières images d'un littoral guetté par la disparition.

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Higher Ground prolonge plus loin les prémonitions apocalyptiques de Carl De Keyzer. Forcées et contraintes par la montée des flots, les populations trouvent refuge dans les hauteurs des sommets d'Europe. Là, des infrastructures parfois futuristes laissent croire qu'elles ont été conçues pour préparer l'exode : tunnels de verre, terrasses perchées, habitat à flanc de montagne… Une nouvelle vie s'y déroule, avec pour décor les montagnes, les pins, une lumière plus forte…

Éloignés de l'hostilité des terres, les enfants jouent, les parents randonnent, la joie est présente. Les réfugiés semblent avoir oublié qu'il y avait une autre vie, avant, ailleurs. Qui sait, peut-être les photos de Carl de Keyzer seront-elles toujours là pour le leur rappeler.