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Expositions
Jusqu’au 17 janvier 2016, on peut découvrir au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles, plus de deux cents trésors issus de musées turcs. Miniatures, textiles et sculptures sont regroupés dans le cadre du festival Europalia consacré à la Turquie. C'est l'occasion de poser un autre regard sur cette région du monde en proie avec une actualité bousculée.
Au vu de la situation en Turquie aujourd’hui, le moment était "politiquement délicat" pour vanter, comme le fait le ministre de la Culture et du Tourisme turc, un évènement culturel qui nous rappelle que "tous les hommes appartiennent à une seule et même famille".
Prolongement de l’Asie centrale vers l’Europe, l’Anatolie a vu déferler sur son sol une foule de peuples dont chacun a laissé son empreinte, dans un perpétuel mouvement de balancier entre l’Europe et l’Asie. L’histoire officielle de la Turquie actuelle commence en 1923 avec la révolution de Mustapha Kemal Ataturk, qui abolit le sultanat et proclame la république de Turquie, qu’il veut moderne et laïque. L’histoire des Turcs quant à elle commence bien avant le 20e siècle, dans les steppes d’Asie centrale.
L’exposition Anatolia, explique Marc Waelkens, professeur émérite d’archéologie à la KUL, c’est douze millénaires d’échanges et de transmissions de cultes et rituels, de savoirs et de croyances qui se perpétuent de la préhistoire à la cour ottomane tout en s’enrichissant de significations nouvelles.
L’exposition se partage autour de quatre thèmes : l’observation du cosmos dans les différentes cultures, la vénération de phénomènes naturels (montagnes, sour ces, fontaines…), l’évolution de la représentation divine (des divinités païennes au monothéisme) et enfin les interventions divines dans le monde des humains (culte des saints, reliques, chemises talismaniques, sources d’eau… auxquels on attribue des forces de guérison ou de protection). On est bien souvent en plein syncrétisme.
Ainsi, dans la lutte contre les démons, c’est Saint Georges, l’un des saints les plus révérés dans l’Église d’Orient, célèbre pour les Montois (1) mais aussi l’un des saints musulmans les plus révérés dans la tradition orale musulmane, qui remporte tous les suffrages : "Les Turcs, déjà familiarisés avec les dragons en raison de leurs croyances religieuses préislamiques n’eurent aucun mal à adopter Saint Georges qui s’est perpétué sur les faïences ottomanes."
Très tôt, dès le 3e millénaire avant notre ère, les hommes cherchent à comprendre et maîtriser un univers qui leur apparaît imprévisible et effrayant. Dans les représentations du cosmos, le ciel est la demeure des dieux. Il faut s’en assurer la bienveillance, d’où le culte du Dieu-soleil, maître de la vie. Le Dieu-soleil, symbolisé par un disque solaire, souvent ailé, sera repris dans toutes les cultures successives. Il sera l’attribut des empereurs, censés représenter le dieu sur terre. On verra dans l’exposition de nombreuses représentations orientales de dieux.
Elle illustre ensuite la manière dont les chrétiens traitent les divinités païennes. Les chrétiens reprendront le symbole du disque solaire (l’auréole) pour l’attribuer au Christ "lumière du monde", puis aux saints, bien que les Pères de l’Église naissante y voient un attribut païen. À l’apparition du christianisme, les dieux antiques et les motifs païens restent en place.
Mais sur le front des statues des souverains du passé était parfois gravée une croix. Et les nus étaient dissimulés sous des étoffes ou amputées de leurs seins ou de leurs parties génitales pour s’accorder aux nouvelles normes. Ces "adaptations" peuvent paraître radicales, mais elles ont permis à ce patrimoine antique d’être préservé.
Visiter l’exposition Anatolia c’est l’occasion de voir des objets culturels qui ne sont jamais sortis de Turquie. Il faudrait passer plusieurs mois dans le pays pour découvrir toutes ces pièces qui ne se trouvent pas toujours sur les itinéraires prévus pour les touristes, comme celui de Göbekli Tepe, considéré comme le plus ancien temple du monde. Situé près de la frontière syrienne, il date du 10e siècle avant notre ère. On y aurait "inventé" l’agriculture en favorisant le passage d'une société de chasseurscueilleurs à une société agricole.
Contrairement à ce que l’on ressent aujourd’hui au vu de l’actualité, l’histoire de la région n’est pas faite que de violences. La cohabitation entre grecs, orthodoxes, juifs et arméniens était la règle.
>> Anatolia • jusqu’au 17 janvier, du mardi au dimanche, de 10 à 18h, sauf le jeudi de 10 à 21h • Fermé les 25/12 et 01/01 • 14 EUR (tarifs réduits pour seniors, étudiants, enfants, groupes) • Palais des Beaux-Arts, rue Ravenstein, 23 à 1000 BXL • Infos : 02/507.82.00 ou www.europalia.eu
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