Anniversaire remarquable pour la collégiale de Lobbes

En s'approchant de la ville, la collégiale Saint-Ursmer de Lobbes est visible de loin car elle est juchée sur une colline, avec à ses pieds, la vallée de la Sambre. Surnommée Lobbes la savante, la cité doit sa réputation aux moines érudits de l'ancienne abbaye Saint-Pierre. L'histoire de la collégiale est étroitement liée à celle de l'abbaye qui se trouvait en contre-bas. De cette abbaye bénédictine fondée en 654, il ne reste malheureusement que l'ancienne ferme abbatiale, une aile d'anciens corps de métiers et les communs de l'abbaye transformés aujourd'hui en hôpital, le reste ayant disparu à la Révolution française.

Le premier évêque de Lobbes est Ursmer (ou Ursmar ou Ursmarus), originaire de Floyon (au nord de la France), en fonction de 689 à 713. "Il a été ordonné évêque par le pape Serge 1^er et fut envoyé par lui pour évangéliser le nord de la France et la Belgique", relate Francois De Nève, sacristain de la Collégiale. La construction de l'église, débutée sous le règne de Charlemagne, se termina en 823 et servit de nécropole à l'abbaye. "On y enterrait donc les moines, c'est pour cette raison qu'en se promenant dans la collégiale, on y voit encore les inscriptions des pierres tombales sur le sol, précise Francois De Nève. Saint Ursmer a été canonisé et l'élévation de ses reliques a eu lieu le 26 mars 823. Il s'agit de l'exposition du corps du saint ou de ses reliques dans un reliquaire. L'église lui est alors dédiée." Cent-cinquante ans plus tard, elle fut dirigée par un collège de chanoines et devint une collégiale.

© Peter Merckaert

Au fil du temps, le bâtiment s'agrandit et se transforme. Les parties les plus anciennes de l'église datent du 9^e siècle. En descendant quelques marches, on accède à la crypte datant de la période romane (11^e siècle) où sont exposés les sarcophages mérovingiens des saints Ursmer et Ermin (le successeur d'Ursmer). Le bâtiment a été classé en 1943 et la dernière restauration majeure a été effectuée en 2003.

En lien avec 11 autres églises

En Hainaut belge et français, on retrouve six paroisses dédiées au moine bénédictin ainsi que quatre en Flandre orientale, une en Brabant flamand et une dans le Luxembourg belge. "Ces lieux sont liés l'un à l'autre, raconte le sacristain. Dans l'église Saint-Ursmar d'Eppe-Sauvage, au nord de la France, on peut admirer une belle fresque peinte sur le mur représentant l'abbaye de Lobbes, par exemple." Ces différentes paroisses mettront à disposition leurs statuaires, leurs tableaux, leurs reliquaires et d'autres objets en lien avec saint Ursmer afin de présenter une exposition inédite (voir l'encadré sur les activités du jubilé). "Les visiteurs pourront entre autres admirer une statue d'Ursmer du 15^e siècle d'Ormeignies et un retable d'Eppe-Sauvage, détaille François De Nève. Lors de la procession en avril, toutes les délégations Saint-Ursmer de Belgique et de France seront représentées."

Pour marquer l'année du jubilé, les habitants et les artisans de la région se sont mobilisés. "Un sculpteur sur bois thudinien réalise en ce moment une statue afin de l'offrir à la paroisse, se réjouit le sacristain. Elle sera magnifique : d'une hauteur d'environ 1m60, Saint Ursmer tient un livre dans sa main et sur celle-ci est posée une reproduction de la collégiale."

À quelques pas de l'édifice, un autre lieu vaut le coup d'oeil : le Jardin de Folcuin. Des bénévoles et passionnés ont souhaité réaménager un jardin médiéval, présent dans toutes les abbayes. Il remplissait deux fonctions : utilitaire, pour soigner le corps, et méditatif, pour apaiser et élever l’esprit. Ouvert au public depuis 2000, le jardin a été baptisé en l'honneur d'un abbé érudit du 10^e siècle, Folcuin de Lobbes. On y trouve un potager, des plantes médicinales, des fleurs cultivées pour les nécessités du culte religieux et des arbres fruitiers. Des activités y sont également organisées en toute convivialité.