Environnement

Zika, inoffensif sauf pour les femmes enceintes

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© DPA Reporters
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Joëlle Delvaux

Joëlle Delvaux

Le virus Zika est un flavivirus, tout comme le virus de la dengue, de la fièvre jaune et celui du Nil occidental. Apparu en 1947, Il a été responsable jusqu’à 2013 de cas sporadiques ou de petites épidémies. Après son émergence en Polynésie française en octobre 2013, il s’est propagé dans le Pacifique, en Amérique centrale et du Sud puis dans les Caraïbes fin 2015. Actuellement, le Brésil est le pays le plus touché par le virus.

À l’origine de la fièvre Zika, le virus du même nom est transmis à l’homme par des moustiques du genre Aedes qui piquent surtout en journée. Dans ¾ des cas, les personnes atteintes ne présentent aucun symptôme. Dans les autres cas, les signes de la maladie se manifestent – après trois à douze jours d'incubation – sous forme de maux de tête, de fièvre, de douleurs articulaires, d'yeux rouges et parfois d'eczéma.

L’évolution de cette pathologie est bénigne et les symptômes disparaissent souvent après une semaine. Il n’existe pas de traitement spécifique ni de vaccin contre ce virus. Les personnes qui l'ont contracté sont naturellement immunisées par la suite et ne contracteront donc plus jamais la maladie.

Ce virus est relativement inoffensif pour les adultes, mais certains éléments indiquent qu'une infection au virus Zika pendant la grossesse augmente le risque de microcéphalie ou d'autres anomalies cérébrales chez le fœtus, provoquant un handicap grave.

Par ailleurs, certains cas rapportés depuis 2014 laissent à penser que Zika pourrait causer le syndrome de Guillain-Barré, une maladie neurologique qui provoque une paralysie des membres, souvent réversible, mais qui peut durer plusieurs mois. Des recherches sont en cours pour obtenir un aperçu complet des conséquences de ce virus sur le plan sanitaire.

Quant aux modes de transmission, la communauté scientifique s'accorde à dire que le principal vecteur reste le moustique. Jusqu'ici, seuls trois cas de transmission par voie sexuelle ont été confirmés. Est-ce à dire que Zika pourrait-être le nouveau Sida ?

À ce stade, les scientifiques ne peuvent garantir que la transmission par voie sexuelle - très rare actuellement - ne progressera pas. On ignore encore beaucoup de choses notamment sur la viabilité du virus dans le sperme. Néanmoins, l'impact de ce mode de transmission sur l'épidémie apparaît très marginal. Le vecteur qui propage le plus aisément et le plus rapidement le virus au plus grand nombre de personnes est bel et bien l'insecte.

Quelles précautions ?

En Belgique, les autorités de Santé publique indiquent que "le risque de propagation dans notre pays est quasi inexistant, vu qu’il n’y a pas de moustiques du genre Aedes. Cependant, les voyageurs qui se rendent dans les pays touchés par le virus courent un risque d'être contaminés".

Dès lors, par mesure de précaution, elles recommandent aux femmes enceintes ou qui envisagent de le devenir de reporter les voyages non essentiels vers les zones touchées par une épidémie du virus. "Si un voyage ne peut être retardé, il est important de consulter un médecin au préalable et de discuter des moyens de prévention nécessaires", précise l'Institut de médecine tropicale (IMT).

Quant aux voyageurs, des précautions leur sont suggérées pour éviter les piqûres de moustiques : porter des vêtements longs et amples, aménager l'habitat (moustiquaires aux fenêtres), utiliser des produits répulsifs cutanés (moyen le plus efficace en journée)… Et si, au retour du voyage, des symptômes grippaux apparaissent, consulter un médecin. Ce dernier peut, le cas échéant, prendre contact avec un confrère de l’IMT qui pourra confirmer ou infirmer le diagnostic.

Une propagation à l'Europe ?

L'Organisation mondiale de la Santé estime que le risque de voir arriver le virus Zika en Europe est quasi nul période hivernale. Mais il va croître au printemps et en été, l'insecte redevenant actif et s'adaptant à tous les climats chauds. "Les moustiques du genre Aedes sont présents dans plusieurs pays européens, notamment sur le pourtour méditerranéen", précise l'OMS.

De son côté, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies relève le risque que le moustique tigre de type Aedes albopictus, ne devienne vecteur de la maladie en Europe. Classée parmi les dix espèces les plus invasives au monde, implantée dans 80 pays à la faveur du réchauffement climatique, cette espèce est très facile à identifier grâce à ses rayures noires et blanches sur le corps et les pattes (1).

L'OMS exhorte les pays européens à agir de manière coordonnée, y compris en impliquant les populations, pour contrôler les moustiques, éliminer leurs sites de reproduction et tuer leurs larves en cas d’infestation.


Pour en savoir plus ...

>> Plus d'infos : Institut scientifique de Santé publique : www.wiv-isp.be • Institut de médecine tropicale : www.itg.be