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Hymne à l'agriculture de chez nous

2 min.
© Christophe Gillot
© Christophe Gillot
Philippe Lamotte

Philippe Lamotte

Au départ, on pourrait le croire axé strictement sur les photos. Elles sont nombreuses et superbes, illustrant le rythme des saisons (donc du travail) dans une ferme du Brabant wallon, mais aussi la vie familiale côté jardin. Par les couleurs et les choix de cadrage, certains clichés parviennent à plonger littéralement le lecteur dans le vacarme des machines ou dans l'ambiance des moissons nocturnes.

Mais, au-delà de cet abondant travail iconographique, on aurait tort de ne pas s'attacher au texte. Concis et ramassé, il parvient néanmoins à retranscrire le cœur de ce qui se vit et se discute aujourd'hui dans les fermes. Il n'apprendra certes rien de neuf aux agriculteurs et à leurs proches, mais il évoque tour à tour avec justesse, à travers l'histoire d'une famille exploitante : l'enracinement de la ferme dans son terroir, son organisation quotidienne, la passion de l'élevage et des concours, la résistance face à la PAC (Politique agricole commune), l'ambiguïté des jeunes envers ce métier si exigeant, l'ouverture au monde (classes vertes, tourisme…), l'angoisse des lendemains, etc. Autant de sujets qui éclaireront d'un ton juste le lecteur peu féru de la réalité des campagnes, mais curieux de l'approcher de l'intérieur sans chiffre ni donnée économique.

Seul regret : le modèle agricole présenté ici, s'il traduit bien l'infinie diversité de compétences que doit exercer l'agriculteur en 2016, ne représente qu'une seule facette de cette activité. Variée et familiale, certes, mais très éloignée de cette agriculture émerge ante que constituent ces activités maraîchères (notamment), bios ou non, coopératives, proches du sol et de ses marchés, inspirées par l'agro-écologie, créatrices de main d'oeuvre, etc.

À cet égard, le chapitre retraçant la rencontre entre le cultivateur et l'écologiste du village (sic) fait ici un peu figure d'alibi. Au fil des pages, à la lecture de ce mini-récit en images, on se met alors à frémir sur la fragilité d'un tel modèle reposant sur à peine deux ou quatre épaules. Comme pour l'admettre implicitement, l'un des derniers chapitres – touchant mais pudique – annonce un événement impondérable et potentiellement lourd de conséquences, dont nous ne dirons rien ici.

Pour en savoir plus ...

>> Je suis agriculteur • Christophe Gillot et Erik Sven • éd. Weyrich • 2016 • 184 p. • 30 EUR.