Alimentation

Les boissons sucrées sous la loupe

5 min.
© Philippe Turpin - Belpress
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Infor Santé, Catherine Daloze, mongeneraliste.be

Infor Santé, Catherine Daloze, mongeneraliste.be

Une cannette de soda (33cl) contient l’équivalent de 7 morceaux de sucre alors que l’apport nutritionnel recommandé par jour est équivalent à 15 morceaux (soit 90g/jour). Cela signifie qu’en ingérant l’une de ces boissons, le consommateur a déjà atteint la moitié de sa dose de sucre quotidienne.

Analysons ce que contient quelquesunes des boissons sucrées les plus courantes…

> Les sodas sont aromatisés aux extraits naturels de citron. Composés d’eau gazéifiée, ils apportent en général 110g de sucre par litre. On y ajoute également différents extraits végétaux, aromatiques, acide citrique et colorants selon la marque.

> Les colas sont des sodas enrichis d’extraits de plantes, de noix de cola et de caramel qui leur donnent cette couleur brune si particulière. Ces boissons contiennent également de la caféine, un excitant qui peut causer des insomnies.

> Les tonics et les bitters sont des sodas enrichis d’extraits d’orange amère ou de citron vert, parfois aromatisés d’autres extraits végétaux comme le quinquina. Ce dernier contient de la quinine, un excitant du coeur dont elle accélère les mouvements. C’est pourquoi ces boissons sont déconseillées aux enfants.

> Les sirops. Malgré leur apparence parfois trompeuse, ce sont des boissons sucrées au même titre que les autres. Une dose de sirop mélangée à de l’eau donne une boisson sucrée qui contient autant de sucre qu’une boisson sucrée du commerce. De plus, ils habituent les enfants au goût sucré.

> Les nectars de fruits. Il s’agit de purées de fruits concentrés additionnées d’eau et de sucre. Mieux vaut choisir un jus de fruits sans sucre ajouté !

Et le light ?

Les sodas light sont-ils une alternative aux boissons sucrées ? L’avantage des boissons lights, c'est le très faible apport en calories, proche de zéro. Donc d’apparence, même si on boit "sucré", on ne consomme pas une seule calorie supplémentaire. Par contre, contrairement à l’eau, ils entretiennent l’attirance pour le goût sucré ce qui peut entrainer davantage de grignotages.

Quels effets ?

Il y a par ailleurs plusieurs raisons pour ne pas abuser des boissons sucrées. D’après une récente étude américaine, les enfants qui consomment régulièrement des boissons sucrées sont 14% plus nombreux à développer un syndrome métabolique. Ce syndrome, qui regroupe différents symptômes (obésité abdominale, taux trop bas de bon cholestérol, hypertension…), mène souvent à des problèmes cardiovasculaires ou à un diabète de type 2. Le principal responsable étant le fructose (composant du saccharose : sucre présent en grande quantité dans ces boissons).

Par ailleurs, les dents en pâtissent. Lorsque l’on consomme des sodas, une forte concentration de glucides simples (fructose, saccharose, glucose) se retrouve sur les dents. Ces glucides fermentent par l’action de bactéries et dissolvent l’émail des dents, ce qui cause de nombreuses caries.

Quant à l'apport nutritionnel des bois sons sucrées, il est quasi nul. En effet, ces boissons contiennent peu ou pas de vitamines, de minéraux, de protéines, de fibres ou d’autres éléments essentiels. On les appelle d'ailleurs "les calories vides". Par contre, on y retrouve des additifs comme des arômes, des émulsifiants, des conservateurs et des colorants alimentaires… Bref de nombreux ingrédients dont on se passerait bien.

La "taxe sodas"

Au 1er janvier 2016, entrera en vigueur la fameuse "taxe santé". Soit 0,01 euro par boisson sucrée de 33 cl et 0,03 euro par boisson d’un litre.

Les boissons visées : les sodas non light et light (aussi sous forme de poudre ou de sirop). Par contre, le lait, l’eau plate et pétillante ainsi que les jus de fruits ne sont pas concernés, assure-t-on au cabinet du ministre des Finances.

Cette mesure fait partie de l'opération dite tax shift que le gouvernement Michel a décidée cet été. Un paquet chamarré avec la réduction des cotisations patronales, l'augmentation de la TVA sur l'électricité, le relèvement des accises sur l'alcool, le tabac et le diesel, etc. Au programme aussi : cette nouvelle accise sur les sodas.

La ministre de la Santé, Maggie De Block, a indiqué qu'elle inscrivait cette dernière dans un cadre plus large : celui d'un plan national nutrition, encore à venir. Mais le gouvernement a voulu fixer ces mesures budgétaires plus rapidement. La taxe sur les sodas est donc entérinée et doit rapporter 50 millions d'euros en 2016.

Taxer la malbouffe, l'idée ne date pas d'hier

Peser fiscalement sur certains produits de consommation est une piste régulièrement évoquée par les gouvernements afin d’engranger des moyens supplémentaires. En ciblant des produits à taux élevé de graisses saturées ou de sucres, d'aucuns y voient aussi un moyen de changer les comportements vers une meilleure santé.

Ces velléités de taxer la malbouffe – prises isolément – ne résonnent toutefois pas toujours comme une bonne idée. Elles suscitent sinon l’accueil mitigé, le débat. Ne serait-il pas plus profitable d’informer le consommateur, de le sensibiliser à la problématique de la malbouffe plutôt que de sanctionner ses achats ? N’est-ce pas pénaliser le bout de la chaîne – le consommateur lambda – sans atteindre le coeur de la production : l’industrie agroalimentaire ? N'est-il pas paradoxal de laisser la pub pour les sodas envahir l'espace public tout en taxant le consommateur à l'achat ? N’est-ce pas défavoriser encore les plus pauvres qui consacrent une part importante de leur revenu à l’alimentation ? N’est-ce pas aboutir à une augmentation des achats de produits taxés dans les pays limitrophes – plus favorables financièrement ?

Une chose est sûre : le prix – s’il n’est pas à négliger – n’est pas le seul facteur en jeu. Et de loin.

//CD

Boire de l'eau, bon pour la ligne et la santé

Est-ce que boire de l'eau amène à maigrir ? Tout dépend des circonstances, du moment et de la quantité… Depuis bien longtemps circulent des idées telles que "boire de l'eau fait maigrir", "boire permet d'éliminer"… Qu’en penser ?

Tout d’abord, rappelons que l’influence de la publicité a certainement joué un rôle dans la naissance de ces idées. Ensuite, qu’elles détiennent parfois une part de vérité, mais qui n’est pas toujours celle qui paraît évidente.

Boire de l’eau fait maigrir ?

L’eau n’a pas ce pouvoir magique. Si nous buvons de l’eau, c'est d'abord pour nous hydrater, c’est-à-dire pour compenser les pertes d’eau de notre corps. Chaque jour, un litre et demi d’eau est éliminée par, entre autres, les urines, les selles et la peau. La nourriture couvre une partie de nos besoins en eau, le reste doit provenir des boissons. Cependant, quand nous buvons de l’eau… nous ne buvons pas autre chose, comme des sodas, du jus, des bières ou autres boissons alcoolisées riches en calories. Boire de l’eau ne contribue pas à faire grossir, contrairement à ces autres boissons.

Boire de l'eau permet d'éliminer ?

Il est vrai que nous éliminons certaines substances produites par le fonctionnement de notre corps, via les urines. En buvant beaucoup, nous augmentons le volume des urines, ce qui permet de diluer et d’éliminer ces déchets. Des urines trop concentrées peuvent favoriser la formation de cristaux (par exemple de calcium, d’acide urique…) et l’apparition de calculs urinaires. Ces derniers peuvent provoquer des crises douloureuses lorsqu’ils empruntent les voies urinaires.

Boire de l’eau avant les repas

Une étude publiée récemment évoque l’effet de la consommation d’eau avant les repas chez des personnes obèses. Après avoir reçu des conseils relatifs à l’alimentation et à l’activité physique, des personnes obèses ont été réparties en deux groupes.

Dans le premier groupe, les participants devaient boire ½ litre d’eau une demi-heure avant les repas. Dans le second groupe, les personnes devaient imaginer avoir l’estomac rempli avant le repas. Les chercheurs ont comparé le poids des personnes des deux groupes après 12 semaines. Dans le groupe ayant consommé de l’eau avant le repas, la perte de poids était en moyenne de 1,3 kg de plus que dans l’autre groupe. Chez les personnes ayant appliqué la consigne d’absorber ½ litre d’eau avant les trois repas de la journée, la perte atteignait même 4 kg de plus, par rapport à celles ayant bu cette même quantité avant un seul repas.

Il semble donc que la prise de deux grands verres bien remplis d’eau, 30 minutes avant les repas principaux, puisse contribuer à une perte de poids, à condition d’être associée à d’autres mesures classiques : des activités physiques régulières et l'adoption durable d’habitudes alimentaires saines.

Il n'y a guère de raison de ne pas tester une mesure aussi simple et économique. Soulignons aussi qu'il n'y a pas d'obligation de boire des eaux minérales, l'eau du robinet a toutes les qualités requises pour nous hydrater.

//MONGENERALISTE.BE


Pour en savoir plus ...

>> Extrait de l'outil "Et toi, t'en penses quoi ?", à destination des ados, de leurs professeurs et de leurs éducateurs, thématique "Eau et sodas".